Le Temps-Agences - Une trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas a pris fin hier, risquant de mettre le feu aux poudres, après six mois de calme relatif dans et autour de la bande de Gaza. De nombreuses capitales étrangères se sont inquiétées de la situation dans ce territoire surpeuplé après l'annonce par les Brigades Ezzedine Al-Qassam --la branche armée du Hamas-- de la fin d'une trêve entrée en vigueur le 19 juin, après une médiation égyptienne. "La trêve a pris fin et ne sera pas renouvelée car l'ennemi sioniste n'a pas respecté ses conditions. L'occupation porte la responsabilité des conséquences", a affirmé le groupe armé sur son site internet. "Nous lançons un avertissement à l'ennemi sioniste: toute agression contre la bande de Gaza ou tout nouveau crime déclenchera un affrontement à grande échelle et nous riposterons très durement", a poursuivi le groupe. Peu après cette annonce, deux roquettes ont été tirées sans faire de victime par des Palestiniens à partir de Gaza sur le sud d'Israël, et des agriculteurs travaillant près de la frontière ont essuyé des tirs qui ont endommagé un véhicule, selon une source militaire israélienne. Le Jihad islamique a revendiqué dans un communiqué le tir de trois roquettes, affirmant qu'elles étaient une réponse à la mort d'un de ses membres. Le Hamas reproche notamment à Israël de ne pas avoir levé le blocus de la bande de Gaza, entièrement coupée du monde et approvisionnée via des souterrains avec l'Egypte. Hier, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans la banlieue sud de Beyrouth pour une manifestation monstre, à l'appel du Hezbollah, contre ce blocus. Une marée de manifestants brandissant des drapeaux palestiniens et du Hezbollah a envahi la principale autoroute de ce bastion du mouvement chiite libanais. Le blocus de Gaza, en vigueur depuis la prise de pouvoir par le Hamas en juin 2007, a été renforcé début novembre en raison d'une recrudescence des violences. Israël et Hamas ont affirmé qu'ils ne seraient pas les premiers à lancer des hostilités de grande envergure, laissant ouverte la possibilité d'une trêve officieuse. Le Hamas agira "conformément à la situation sur le terrain", a affirmé jeudi un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum. Le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, n'a eu de cesse de répéter de son côté qu'Israël répondrait "au calme par le calme". Mais, a-t-il ajouté, Israël n'a "pas peur de lancer une opération militaire de grande envergure dans Gaza", ajoutant cependant qu'il était "inutile de se précipiter". Le gouvernement doit discuter lors de sa réunion hebdomadaire demain des mesures à prendre, alors que des ministres et l'opposition de droite le pressent d'agir avec beaucoup plus de fermeté. Sur le plan diplomatique, Paris a exprimé hier la "plus vive inquiétude" de l'Union européenne sur la situation à Gaza, tandis que la Russie, un des rares interlocuteurs du Hamas, appelait le mouvement islamiste à revoir sa décision de mettre fin à la trêve. L'Egypte, elle, a fait porter sur Israël la responsabilité de la situation dans la bande de Gaza, arguant que ce territoire était toujours légalement sous occupation israélienne. Jeudi, l'envoyé spécial des Nations unies pour le Proche-Orient, Robert Serry, avait mis en garde le Conseil de sécurité de l'ONU contre les risques d'"une escalade majeure de la violence qui aurait des conséquences graves" pour la population civile en Israël et à Gaza.