Le Temps-Agences - Un début d'incendie d'origine criminelle a endommagé hier la mosquée de Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon, provoquant la colère de la communauté musulmane qui dénonce une vague d'islamophobie en France. Une manifestation est prévue aujourd'hui à 15h00 HT devant le bâtiment. "C'est une manifestation de solidarité et de soutien, mais aussi une manifestation d'inquiétude devant la montée de l'islamophobie qui se fait jour aujourd'hui en France", a déclaré à Reuters le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane. Déjà visées en avril 2007 et avril 2008, le carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras dans le Pas-de-Calais, a été la cible de nouvelles dégradations début décembre. "On commence à se poser des questions", a souligné Kamel Kabtane. "Quelle est la volonté derrière ces initiatives ? La communauté musulmane a peur et s'en remet aux pouvoirs publics qui doivent prendre la mesure de ces actes et retrouver les auteurs de ses attentats. Et j'emploie le mot attentat à bon escient", a-t-il ajouté. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) dénonce une "nouvelle agression visant un lieu de prière, de paix et de recueillement". Il appelle dans un communiqué à la "vigilance et à l'engagement de l'ensemble des citoyens en faveur du respect des croyances des uns et des autres et à un meilleur vivre ensemble" et réclame "la plus grande sérénité" dimanche lors du rassemblement devant la mosquée de Saint-Priest. Cet incendie "provoque un sentiment croissant d'islamophobie qui ne fait que s'aggraver profanation après profanation", déplore le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. Le feu, qui a pris à l'aube devant la porte de la mosquée, a été très rapidement maîtrisé, a-t-on appris de source policière sans plus de précision sur la façon dont le sinistre a été déclenché. Les fumées et la chaleur ont provoqué des dégradations dans l'entrée mais l'incendie ne s'est pas propagé au bâtiment, a-t-on souligné de même source. Le recteur de la grande mosquée de Lyon a cependant déclaré à Reuters que la bibliothèque avait été "dévastée". Selon lui, c'est un "engin incendiaire" déposé devant la porte de secours qui a déclenché l'incendie. Dans un communiqué, la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, précise avoir écrit au président du CFCM, Mohammed Moussaoui pour lui faire part de son "émotion" devant "cet acte lâche et intolérable". Tous les moyens seront déployés pour en retrouver les auteurs, assure-t-elle. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a assuré de sa solidarité les communautés musulmanes "atteintes dans leur dignité". "Si l'acte criminel est bien confirmé, c'est, une nouvelle fois, après les profanations du cimetière de Notre-Dame-de-Lorette, un acte ignoble de racisme et de refus de l'autre", écrit la maire de Lille. "Ce nouvel acte inqualifiable doit être solennellement dénoncé et ses auteurs (doivent être) démasqués et sévèrement condamnés", a réagi Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP. "De tels agissements portent atteinte de manière intolérable à nos principes démocratiques et républicains fondés sur la tolérance et la liberté de croyance et de culte", a ajouté le député de la majorité.