L'UE demande une "transition pacifique" Le Temps-Agences - Le Premier ministre de Guinée Ahmed Tidiane Souaré et son gouvernement ont fait allégeance hier au chef de la junte au pouvoir, le capitaine Moussa Dadis Camara, qui leur a demandé d'"aider" son régime lors d'une rencontre à son QG. "Retenez que nous sommes des techniciens (...) et que nous sommes à votre entière disposition. Nous vous remercions encore une fois pour votre sagesse, Monsieur le président", a déclaré le Premier ministre au chef de la junte. M. Souaré répondait au capitaine Camara qui avait demandé au Premier ministre et à son gouvernement d'"aider" son régime. "Hier, c'était vous, aujourd'hui, c'est nous. Nous vous avons aidés, vous devez nous aider", a-t-il déclaré devant la presse à la trentaine de membres du gouvernement réunis au camp militaire Alfa Yaya Diallo de Conakry où ils avaient été convoqués par la junte "Rassurez-vous que vous êtes en sécurité avec nous. (...). Vous pouvez revenir aux affaires (par la voie des urnes, ndlr), évitons simplement les oppositions armées qui entraîneraient notre pays dans des guerres fratricides", a poursuivi le capitaine Camara, qui s'est autoproclamé la veille "président de la République". Le chef du gouvernement et ses ministres ont écouté religieusement la déclaration du nouvel homme fort de Conakry, se levant à son arrivée et s'asseyant lorsqu'il les invitait à le faire. La trentaine de membres du gouvernement ont quitté le camp militaire à l'issue de l'entretien. La junte a pris le pouvoir en Guinée par un coup d'Etat militaire mardi, peu après le décès du "président-général" Lansana Conté dans la nuit précédente.
Nomination de militaires, gouverneurs provinciaux Par ailleurs, la junte qui a pris le pouvoir en Guinée et désigné le capitaine Moussa Dadis Camara comme chef d'Etat de fait, a nommé des gouverneurs militaires dans les provinces pour asseoir son autorité. La capitale, Conakry, était calme hier, le coup d'Etat déclenché tôt mardi à la suite du décès du président Lansana Conté ne rencontrant apparemment plus d'opposition. Le capitaine Camara, qui a été désigné président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), a toutefois souligné qu'il n'avait aucune ambition politique. "Je n'ai pas l'ambition d'être candidat à l'élection présidentielle (...) Je n'ai jamais eu l'ambition du pouvoir", a-t-il déclaré à Radio France Internationale (RFI). Les putschistes ont annoncé qu'ils organiseraient une élection présidentielle dans deux ans. Dans sa première allocution télévisée à la nation, le capitaine Camara a déclaré que la principale tâche du CNDD serait de lutter contre la corruption endémique, selon lui, sous le régime de Lansana Conté. "Le gouvernement n'a pas fait son devoir. Il n'a pas mérité la confiance de la nation", a-t-il dit. Des milliers de Guinéens ont acclamé mercredi le nouvel homme fort du pays dans les rues de la capitale, alors qu'il se rendait à la présidence dans un convoi de véhicules militaires. Camara, brandissant un drapeau guinéen, a salué la foule d'où montaient des cris "Obama junior", en référence au président américain élu Barack Obama. Mardi, au lendemain de la mort du président Lansana Conté, cet officier avait annoncé à la radio la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement. Le coup d'Etat a été condamné par les Nations unies, l'Union européenne, l'Union africaine et les Etats-Unis comme une atteinte à la démocratie. Le capitaine Camara a justifié le coup de force du CNDD en estimant qu'il constituait un "acte civique" visant à "sauver un peuple en détresse". De nombreux habitants disent approuver le putsch. Un membre de la junte, le lieutenant-colonel Mathurin Bangoura, a dit que le CNDD choisirait un civil comme Premier ministre mais que les décisions devraient être prises de manière collégiale. Parmi les 32 membres du CNDD annoncés par la junte, six sont des civils. Le général Mamadou "Toto" Camara, chef de l'armée de terre, en fait aussi partie. --------------------------------------- L'UE demande une "transition pacifique"
Le Temps-Agences - La présidence française du Conseil de l'Union européenne a une nouvelle fois demandé hier à tous les responsables politiques et militaires de Guinée "d'engager dans les plus brefs délais et dans un esprit de consensus une transition pacifique, ordonnée et démocratique de manière à rétablir le fonctionnement normal des institutions". Dans un communiqué, elle a appelé "chaque Guinéen au calme et au civisme", soulignant "l'importance de la tenue dans les délais prévus, au premier semestre 2009, d'élections démocratiques et transparentes qui seules", selon elle, "permettront au peuple guinéen d'exprimer librement sa volonté".