L'anglicisme « week-end » résonne très agréablement aux oreilles des Tunisiens, mais dans les faits, rares sont ceux qui vivent pleinement le congé de fin de semaine et le consacrent à des distractions reposantes et à des loisirs décontractants. En tant que « break » hebdomadaire accordé aux personnes actives pour leur permettre une bonne récupération en vue de la semaine suivante, le week-end ne profite en fait qu'à une minorité de privilégiés et de groupes organisés. En ce qui concerne notre gent féminine, il vaut mieux parler à son sujet de « quick-end », non parce que les Tunisiennes s'y amusent tellement qu'elles ne voient pas le temps passer, mais parce qu'elles n'ont souvent pas le temps d'en profiter et d'en savourer les effets lénifiants et régénérateurs !
La grande corvée ! Pour nos femmes fonctionnaires, le samedi après-midi commence par une courte pause (sieste d'une petite demi- heure, détente en famille autour d'un thé à la menthe, brin de causette avec la voisine etc.), aussitôt après il faut revenir à la réalité de tous les jours : le ménage, le dîner, la liste des achats du lendemain, peut-être aussi un bain à la maison ou en ville ! La soirée sera plutôt somnolente devant l'écran de la télé. Et la séquence amour se vivra presque comme la corvée ultime de la journée ! Dimanche c'est, au début, synonyme de petite grasse matinée ; par la suite il faut voir tout en « grand » : grands achats notamment au souk et au marché central, grand ménage, grande lessive, grand repas, grande vaisselle et à la fin...grosse fatigue. Le lundi et toute la semaine suivante s'annoncent mal du coup ! Les femmes au foyer, plus particulièrement celles qui ont plus d'un enfant, entendent parler du week-end, mais ignorent ce que le mot veut dire : pour elles c'est tous les jours « boulot », avec certes quelques rares sorties si le mari et les gosses veulent bien lui en laisser le loisir !
Bienheureuses divorcées ! Les célibataires vivant encore sous le toit parental ont sûrement plus de temps libre le week-end, encore faut-il trouver de quoi l'occuper, parce que les entrées et sorties sont contrôlées et autorisées au compte-gouttes ; quant aux loisirs possibles il est difficile de les diversifier : quelques courses en ville, une ou deux heures de lèche-vitrine, des visites à des parents ou bien à des amies, des moments plus ou moins longs de télé, sinon l'assistance de maman dans la cuisine ou dans les autres pièces de la maison ! En ce qui concerne les divorcées jeunes et sans enfants, les contraintes ménagères existent mais beaucoup moins que chez les autres femmes ; si elles vivent dans une grande ville et dans un logement indépendant, leur fin de semaine se passe plutôt bien : elles ont en effet plus de temps et de liberté pour sortir en banlieue, en boîte ou même d'effectuer un voyage de deux jours dans l'une des villes touristiques du pays ! Quand elles ont des enfants, le week-end des divorcées est presque aussi médiocre que celui des femmes mariées !
Soldes sur le temps de repos ! Une étudiante qui vit avec sa famille partage le week-end entre les tâches ménagères, la télé et quelques brèves sorties. Mais celles qui habitent loin de leurs parents, peuvent s'offrir des escapades (même nocturnes) avec un ou des amis, à condition bien sûr de vivre dans une grande ville. Ailleurs, tous les regards sont braqués sur les studios ou appartements des étudiantes, et le week-end comme tous les jours de la semaine se passent sous les feux des « projecteurs » ! A moins d'être indifférente au qu'on dira-t-on, on voit mal une jeune étudiante passer un week-end agréable dans un minuscule patelin de l'intérieur ! Quant aux lycéennes, elles n'ont droit en général qu'à de fugaces sorties diurnes, sinon samedi et dimanche sont deux jours de « dodo », travaux et « réviso » ! Ayons enfin une pensée à toutes celles qui travaillent plus pour gagner moins et qui font des soldes même sur leur temps de repos : comme ces vendeuses et ces commerçantes qui passent samedi et dimanche derrière leurs comptoirs et leurs caisses ! Si au moins cela rapportait à ces travailleuses de quoi payer une virée à Hammamet ou au Kantaoui de Sousse. Mais la boutique, qui s'en occupera pendant ce temps ?