Ils préparaient dans la sérénité leur concours d'accès aux grandes écoles françaises, mais voilà que l'administration leur fait le classique coup de lapin : Pas d'inscriptions aux concours français. Les étudiants ont alors interrompu les cours et se sont adressés au ministère pour des explications. A noter qu'il y a eu quatre grèves en deux ans. Les étudiants de l'Institut Préparatoire des Etudes Scientifiques et Techniques « IPEST » sont entrés encore une fois dans un bras de fer avec leur administration, et pour la 4ème fois en deux ans, à propos de la prise en charge de leur participation aux concours des grandes écoles françaises ainsi que de leurs bourses d'études dans ces établissements. On croyait pourtant que cette question avait été définitivement résolue en juin dernier lorsqu'une source officielle du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie a diffusé à travers toute la presse des précisions stipulant que : « la circulaire du 2 juin 2008 ne concerne que la prochaine promotion de l'IPEST, celle qui sera orientée à cet institut pour l'année universitaire 2008-2009. Quant aux promotions qui poursuivent actuellement leurs études à l'IPEST (la 1ère et la 2ème année), elles ne sont pas concernées par les mesures contenues dans cette circulaire ». L'administration a, certes, cafouillé un peu en août dernier lors de l'attribution des accords de bourses. Mais, finalement, tous les étudiants de la 2ème année de l'IPEST ont alors obtenu leurs bourses. Le conseil des classes du 15 décembre dernier a continué dans cette démarche et a accordé la prise en charge de l'administration à tous les 157 étudiants de l'IPEST pour participer au Concours Commun de Polytechnique en France. Les meilleurs éléments ont obtenu, en plus, la possibilité de participer aux concours de l'Ecole Nationale des Mines, de l'Institut National des Télécommunications et du concours X.
Coup de théâtre Mais alors que les étudiants continuaient à préparer dans la joie leurs concours, coup de théâtre ! Hier, en début de matinée, et à deux jours de l'expiration des délais de participation aux concours français (15 janvier 2009), le directeur de l'IPEST a fait le tour des groupes de la 2ème année pour les informer que, seuls 53 (sur 157 étudiants) seront éligibles aux concours français. Les autres devront compter sur leurs propres moyens. Un vent de désarroi a soufflé sur les étudiants qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ils se sont rassemblés durant l'après-midi devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie. Les étudiants réclament que « justice leur soit rendue ». Ils disent « en avoir marre de ce jeu de cache-cache ». L'un d'eux explique : « Avant de finaliser notre choix pour l'IPEST et se faire ainsi priver de toute inscription dans une autre faculté, nous avons assisté avec nos parents, le 13 juillet 2007 à une réunion encadré par l'administration de l'IPEST ainsi que des représentants du ministère de l'Enseignement supérieur. Le débat avait porté essentiellement sur la spécificité de l'IPEST dans le recrutement de l'élite des bacheliers à qui elle offre l'opportunité d'accéder aux grandes écoles françaises. La discussion n'avait à aucun moment contredit les procédures usuelles, ni abordé l'éventualité d'une restriction à certaines écoles ou la possibilité d'octroyer les bourses d'études en fonction d'un quelconque critère autre que la réussite. Le 15 décembre dernier et, suite au conseil des classes, l'administration nous a informé qu'on a été tous affecté au Concours Commun Polytechnique « CCR ». Comment voulez-vous que l'on accepte maintenant ce volte-face ? On en a vraiment marre ! On ne mérite pas ce tracas ! »
Du côté de l'administration On a cherché à comprendre les dessous de ces décisions auprès de l'administration. Mais personne n'était là pour répondre. Le directeur de l'IPEST, M. Hachemi Saïd, était occupé dans une réunion. Sa secrétaire a « conseillé » de demander des précisions auprès du président de l'université. Ce dernier, M. Jemaïel Ben Brahim a expliqué que la liste des étudiants retenus pour les écoles françaises a été arrêtée par le conseil des classes de l'IPEST : « Ils ont été affectés selon les moyennes de réussite des étudiants de l'IPEST durant les quatre derniers concours en France dans chaque établissement. D'ailleurs, le nombre d'étudiants affectés aux concours est le double du nombre moyen d'admis. L'administration n'a pas lésé les étudiants. C'est le conseil de classes de l'IPEST qui en a décidé ainsi ».
Mais, au-delà des explications de cette problématique qui touche la fine fleur des étudiants tunisiens, l'administration ne trouve-t-elle pas inappropriée sa façon d'agir de la sorte ? Est-ce normal que l'administration revienne de la sorte sur ses engagements ?