Le Temps-Agences - Barack Obama a déclenché samedi soir le compte à rebours avant son investiture à Washington, en évoquant les "défis immenses" qui l'attendent en tant que 44e président des Etats-Unis. Le président élu a quitté Philadelphie dans un train à l'ancienne pour un voyage inaugural qui l'a conduit dans la capitale fédérale, où il sera demain le premier président américain noir à prêter serment. De l'arrière d'un wagon des années 1930, Barack Obama a salué la foule venue l'apercevoir et s'est arrêté deux fois, à Wilmington dans le Delaware, où l'a rejoint le vice-président élu Joseph Biden, puis à Baltimore. "Dans l'histoire de notre pays, les générations qui ont été confrontées aux défis immenses qui attendent la nôtre se comptent sur les doigts d'une main", a-t-il lancé avant d'embarquer sur les quais de la gare de Philadelphie. Dans ce berceau du nationalisme américain, le futur chef de la Maison blanche a rendu hommage aux patriotes qui ont lancé dans la ville en 1776 le combat pour l'indépendance. "Nos problèmes sont peut-être nouveaux, mais ce qui est nécessaire pour les surmonter ne l'est pas. Il faut la même persévérance, le même idéalisme que ceux qu'ont montré les fondateurs de notre nation", a-t-il dit. A Wilmington comme à Baltimore, Barack Obama a répété que le redressement de l'économie américaine exigerait beaucoup de temps et de sacrifices. "De tels défis immenses ne se résoudront pas rapidement. Il y aura des faux départs et des revers, des frustrations et des déceptions", a-t-il lancé devant 40.000 personnes l'acclamant à Baltimore. "Il nous faudra montrer de la patience même si nous agissons avec une urgence acharnée." "L'Amérique est à son croisement, une nation en guerre, une économie dans la tourmente, et un rêve américain qui semble s'effacer", a encore déclaré le président élu à Wilmington. Le trajet de 220 km samedi entre Philadelphie et Washington constitue le coup d'envoi de trois jours de festivités avant la prestation de serment, pour laquelle 1,5 million de personnes sont attendues, un record dans l'histoire des Etats-Unis. Il est censé rappelé un voyage similaire effectué en 1861 avant sa prise de fonction par Abraham Lincoln, l'une des grandes références de Barack Obama. Comme lui originaire de l'Illinois, Lincoln a dirigé les Etats-Unis pendant la guerre de sécession et aboli l'esclavage. Le président élu était accompagné dans son voyage d'une quarantaine d'"Américains de tous les jours", avec qui il a discuté pendant le trajet. A chaque étape de son voyage, Barack Obama a souligné la nécessité pour les Américains de s'unir pour dépasser "l'idéologie, l'étroitesse d'esprit, les préjugés et le sectarisme". Un sondage publié par le New York Times et CBS montre que les Américains sont confiants dans la capacité d'Obama à rétablir la situation, tout en sachant que le travail sera long. Selon cette étude, une majorité d'entre eux ne s'attendent pas à des progrès sensibles pendant au moins deux ans sur les grands dossiers de l'heure: l'économie, le système de santé, la guerre en Irak. La transition s'est déroulée sans trop d'accrocs, à l'exception de la controverse suscitée par l'annonce que Timothy Geithner, pressenti pour diriger le Trésor, avait omis de payer plusieurs milliers de dollars d'impôts. Geithner devrait toutefois être confirmé à son poste par le Sénat. Le futur secrétaire général de la Maison blanche, Rahm Emanuel, a déclaré que le gouvernement se concentrerait sur des mesures pour rendre l'économie plus compétitive. "Nous devons investir dans des choses qui fonctionnent de manière différente", a-t-il expliqué lors d'une conférence de maires à Washington. Il a cité comme exemples les investissements pour assurer l'indépendance énergétique du pays, la modernisation du système de santé, la généralisation d'internet à haut débit et l'amélioration du système éducatif.