Si, aujourd'hui, journalistes, techniciens et employés de DAR ASSABAH, sans ostracisme aucun, se proclament d'un label prestigieux, portent le nom de leur entreprise comme une "griffe" c'est que plus de 50 ans en arrière, un visionnaire avait fait un rêve, puis conçu un projet pour son pays pour finalement donner naissance au premier journal indépendant de la Tunisie: "Assabah"; puis, très rapidement, au premier groupe de presse "DAR ASSABAH". Notre père spirituel, le fondateur de DAR ASSABAH, feu Habib Cheikhrouhou s'éteignait 15 ans en arrière, un 27 janvier 1994, et son dernier regard fut comme d'habitude sévère, grave, avant que les paupières ne se referment sur des yeux pétillants d'intelligence, d'idées lumineuses, reflet d'une générosité d'âme pour son pays, pour ses lecteurs pour son entreprise. C'était et c'est toujours le doyen suprême. Ce fut un homme de presse d'une dimension africaine et arabe. Alors que les idéologies s'engonçaient dans les marécages de la surenchère et face à un establishment enclin à l'immobilisme, Habib Cheikhrouhou a fait bouger les choses. Il a donné force au combat journalistique. En un petit "manifeste" de dix points, il a résumé les fondements et les constantes de DAR ASSABAH. Dérangeait-il? Oui, souvent. Car il fut le contraire d'un illusionniste. Il dédia sa vie à la recherche de la vérité, toujours équidistant par la force de son impartialité, religieusement respectueux des faits et audacieusement porté sur la témérité des commentaires, dont il dit qu'ils sont "libres" alors que "l'information est sacrée". Avec Habib Cheikhrouhou DAR ASSABAH a été de tous les combats patriotiques et nationaux. De toutes les causes nobles. Et c'est là sa première consigne, au moment, où, le cœur léger, il partait pour nous "surveiller" de loin. C'est l'esprit qui prévaut chez nous et auquel veille notre Direction générale. Les turbulences du temps, les soubresauts de l'Histoire ont eu beau chercher à affaiblir "DAR ASSABAH" en essayant de lui faire changer de vocation dans ces magmas faits de populisme et d'extrémismes. Non DAR ASSABAH reste imperturbable. Aujourd'hui notre groupe publie cinq titres et tout aussi diversifiés les uns que les autres. Ce projet de vie de DAR ASSABAH est celui de Habib Cheikhrouhou. Nous l'imaginons cachant comme d'habitude sa satisfaction, et nous l'évitons encore quand nous sentons qu'il est en colère contre nous. Nous ressentons sa présence partout. Même les jeunes recrutés après son départ le sentent quelque part, comme une auréole. Ciceron disait: "La vie des morts consiste à survivre dans l'esprit des vivants". De grands hommes comme Habib Cheikhrouhou ne meurent que pour renaître aussitôt. Car chaque fois que nous (DAR ASSABAH), entreprenons quelque chose, nous nous posons cette question angoissante: "qu'en penserait le maître?".