Accusant un retard d'une dizaine d'année, le projet de décharges contrôlées en cours de concrétisation dans différentes régions de la République alimente encore les discussions. Construites notamment sur des terres privées, elles ne font pas l'objet d'un suivi rigoureux. En fait les millions de dinars dépensés dans cet objectif serait partis en fumée. Car, les fouineurs « les barbachas » continuent de faire de ce métier leur source de revenu. Il s'agit bel et bien de ceux qui se trouvent dans les environs de la décharge contrôlée de Jebel Chakir. Peut-on réellement parler de la réussite du projet quand le suivi de l'exploitation fait défaut ? Quelle est donc l'utilité de tels projets ? Le même problème risque de se poser pour les autres sites alors que la communauté aspire à vivre dans un environnement sain et propre. « Toutes les terres tunisiennes sont de vocation agricole. Il faut que nous construisions les décharges contrôlées même dans ces espaces », c'est ce qu'a déclaré M. Nadhir Hamada, ministre de l'Environnement et du Développement Durable lors d'une conférence de presse tenue jeudi 15 janvier. Sa réponse fait suite à une question relative au problème de la construction de ces « édifices » dans les gouvernorats de Mahdia à la délégation de Ksour-Essef et à Ben Arous. Supposées être implantées sur des domaines de l'Etat, les décharges seront réalisées sur des terres privées appartenant aux agriculteurs ou à de simples propriétaires. Ces sites riches en biodiversité seront transformés en un espace de traitement des déchets municipaux provenant des différentes localités. « Un traitement qui prend en considération toutes les normes de protection de la nature », réitèrent les responsables à chaque occasion. A la base, l'objectif consistait à protéger l'environnement contre cette forme de pollution et à lutter contre les décharges anarchiques parsemées dans les différents recoins des villes. Mais il y a un décalage entre les objectifs tracés et la réalité. Notamment, les fouineurs ou « les barbachas » continuent d'exercer en toute quiétude leur « boulot » dans le voisinage de quelques sites, entre autres, la décharge contrôlée de Jebel Chakir. Complices des chauffeurs des engins, ils « accèdent » aux ordures avant que celles-ci soient déversées. Et elles font le tri. Une activité rentable pour eux d'autant plus qu'ils alimentent des réseaux parallèles de transformation des matières premières comme les métaux. D'ailleurs, un nouveau phénomène est en train de se poser dans notre société, celui relatif au vol des câbles téléphoniques...C'est l'un des marchés porteurs pour ces acteurs actifs dans plusieurs sites à l'instar des décharges. Ayant coûté des millions de dinars, ces projets sont supposés être contrôlés rigoureusement. On pourra certes assurer une meilleure gestion des déchets municipaux et garantir la durabilité des investissements y afférents. Mais ces pratiques auront un impact négatif sur l'environnement. Les étendues d'oliveraies, les terres agricoles peuvent se transformer de nouveau en autant de décharges anarchiques.