Le G7 s'est finalement aligné sur les professions de foi des économistes pragmatiques comme le président de la Banque Centrale Européenne. Maintenant les pays les plus riches (c'est-à-dire les plus potentiellement pauvres) de la planète considèrent que le protectionnisme serait dangereux et qu'en tous les cas, il ne constitue pas la solution idéale, ni même une solution tout court. Il aura donc fallu briser une sorte de parallélisme mental, psychologique: la crise actuelle ne procède pas des mêmes liens de cause à effet que celle de 1929. Roosevelt avait été obligé d'ériger des barrières protectionnistes et de décréter la prohibition. Mais pour remédier à la crise, le "new deal" américain mettait en place deux systèmes qui allaient révolutionner l'industrie: la taylorisation et la standardisation . L'appareil de production repartait de plus belle. Le dollar redevenait vert et ce fut la sortie de crise pour le monde entier. Or, cette fois, les Américains n'auraient de solutions que pour eux-mêmes. Le dollar n'est plus seul à faire la loi. Le PIB de l'Union Européenne est de 21242 milliards de dollars; celui de l'Amérique du Nord, 15.200; à lui seul, le bassin euro-méditerranéen vers lequel louvoie l'Europe du Nord brasse les 6.856 tandis que l'Amérique Latine et les Caraïbes réalisent à peine les 3.713 milliards de dollars. On voit donc bien que les puissances n'ont guère intérêt à "s'emmurer". Cette crise ne trouvera un début de solution que dans les regroupements régionaux ou alors, dans une nouvelle géostratégie où Washington serait prête à renoncer à l'unilatéralisme pourvu de préserver ses intérêts économiques. Voyez Poutine et la Russie: la Géorgie fut un avertissement. Et même, en filigrane, un message: l'Ours blanc entend reconstituer l'Empire quitte à rappeler Nikolas II, Lenine et Staline à la mémoire de l'Histoire. De son côté, méfiant à l'égard de l'Europe autant que de cette Amérique Latine où la contagion Chavez se propage, Obama ne cache pas son intention de réimplanter l'Amérique au Pacifique, en Asie et il a vite fait d'y dépêcher son charismatique éclaireur, Hillary Clinton. La motivation essentielle? Les marchés bien sûr. En fait, c'est l'ère de la diplomatie économique. La politique, la géostratégie classique, les idéologies, tout cela c'est fini. Aujourd'hui la diplomatie doit se battre pour arracher des investissements et pour ouvrir des voies vers l'exportation. C'est le seul moyen d'éviter que l'obsession protectionniste ne reprenne le dessus. Car, finalement, cette crise n'a pas été "fabriquée" par la mondialisation. Mais par une planète unijambiste. C'est différent.