Les retombées de la crise financière mondiale, qu'elles soient directes ou indirectes, sur l'économie nationale impose un statut de veille aux organismes gouvernementaux. La Banque Centrale de Tunisie, de par sa position, opère sur les différents secteurs, en l'occurrence ceux financier et monétaire, en mettant en place des mesures de précaution et de protection. Au cours de sa réunion mensuelle tenue hier, le Conseil d'Administration de la BCT a passé en revue l'évolution de la conjoncture internationale et ses incidences sur l'économie nationale. Dans ce cadre, une conférence de presse a été donnée hier au siège de la BCT, afin de faire part des dispositions prises dans le domaine financier et monétaire. En fait, suite aux dernières estimations du Fonds Monétaire International quant la croissance mondiale qui accuse une forte baisse (0,5% en 2009 contre 3,4% en 2008), de ses répercussions sur l'économie de la Tunisie et en tenant compte de la détente attendue des pressions inflationnistes, le Conseil d'Administration a décidé de réviser le taux directeur de la Banque Centrale de Tunisie à la baisse de 75 points de base. Le taux directeur est donc passé de 5,25% à 4,50%. Le Gouverneur de la BCT, M. Taoufik Baccar déclare que : « cette décision est justifiée par la baisse de l'indice des prix à la consommation dont l'accroissement est revenu, en termes de glissement annuel, de 4,1% en décembre 2008 à 3,5% en janvier 2009, tendance qui d'après les prévisions se poursuivrait au courant de l'année. » Une autre mesure a été également prise : à savoir l'introduction de nouveaux instruments pour la conduite de la politique monétaire en instituant des facilités permanentes de dépôts et de crédit auxquelles les banques peuvent recourir par leurs propres initiatives, tant pour satisfaire leurs besoins en liquidités que pour placer leur excédent auprès de la Banque Centrale. Ces décisions s'inscrivent dans le cadre des efforts engagés pour éradiquer autant que possible les effets néfastes de la crise mondiale. Mais encore, elles visent à réduire les charges financières des entreprises. En ce sens, la compétitivité des unités de production s'améliore et leur permet de garder leurs parts de marché, et de préserver ainsi les emplois. Le timing de ces décisions n'a pas été choisi par hasard. En effet, la préservation du niveau des prix général est une mission fondamentale de la Banque Centrale de Tunisie. Une mission qui lui impose d'être réactive à tout changement conjoncturel et lui dicte les dispositions nécessaires. En ce qui concerne les facilités permanentes de dépôts et de crédit, le Gouverneur de la BCT a expliqué que « cette mesure induit davantage d'efficacité et de liberté au niveau du taux d'intérêt ». « En outre, la baisse du taux directeur n'entraînera pas une baisse du taux de réserve obligataire. Ce dernier a déjà enregistré une diminution depuis un mois : il est passé de 10% à 7%, le but étant d'injecter davantage de liquidité sur le marché monétaire. De ce fait, il n'y aura pas de réduction supplémentaire puisqu'en plus il existe encore de la liquidité dans le marché. Cette situation est tout à fait contraire à celle des marchés mondiaux qui déplorent fortement le manque de liquidité, encore une répercussion de la crise mondiale ». Le Gouverneur de la BCT, M. Taoufik Baccar a assuré que « notre marché monétaire se porte bien et qu'il n'a pas été affecté par le choc international ». Les liquidités existent bel et bien. Mais comment alors expliquer les effets néfastes sur les secteurs économiques les plus porteurs en Tunisie, en l'occurrence le textile et le mécanique ? Les plusieurs entreprises affectées ayant eu recours à des licenciements ou des chômages techniques, à des réductions de demandes, voire un arrêt total de leur activité, n'ont-elles pas eu besoin d'une partie de cette liquidité pour se remettre sur les rails ? Et de surcroît, la mise en place de la ligne de crédit de 100 millions d'euro pour soutenir les investisseurs étrangers à poursuivre leur activité en Tunisie, constitue un atout important par les temps qui courent.