Certaines affaires attirent l'attention du public par leur nature. Généralement, ce sont les affaires compliquées d'honneur qui attirent le grand public, comme pour cette affaire de crime d'honneur qui vient d'être examinée par la chambre criminelle près le tribunal de première instance de Tunis. La salle d'audience était archi-comble pour assister au déroulement public du jugement de ce quinquagénaire accusé d'avoir tué sa femme et d'avoir essayé de tuer son amant. L'accusé a surpris sa femme en flagrant délit d'adultère et l'a égorgée puis a tenté de tuer son amant en lui portant un coup de couteau avant que celui-ci ne prenne la fuite, ne se rendant même pas compte de ce qui lui arrivait. L'amant blessé s'est rendu au poste de police le plus proche pour rendre compte du crime perpétré par ce mari bafoué dans son honneur. Ce dernier s'est rendu, lui aussi, au poste de police pour se constituer prisonnier. Lors de son interrogatoire, le mari a précisé qu'il a eu vent de l'attitude désinvolte de son épouse volage. Un voisin l'a même apostrophé pour son indifférence, lui signifiant que tout le voisinage était au courant des écarts de l'épouse en question. Touché au plus profond de lui-même, le mari a décidé de tendre un piège à son épouse, pour la surprendre en flagrant délit. Les voisins lui ont précisé que la dame infidèle recevait son amant en cours de matinée, après son départ au travail. Le mari a feint de quitter la maison et il a pointé dans un coin où il pouvait observer les va-et-vient. Ainsi, il put voir l'amant de son épouse, pénétrer dans la maison. Le mari a attendu un moment avant de rentrer chez lui pour surprendre son épouse en pleins ébats avec son amant, au domicile conjugal. Excédé, il fut pris d'une colère telle qu'il ne réalisa plus ce qu'il était en train de faire, puisqu'il égorgea son épouse, sans hésiter et ce, malgré ses cris et ses supplications. Quant à son amant, il prit la poudre d'escampette, malgré le coup de couteau portéé par le mari furieux qui l'avait atteint au dos, lui générant une blessure superficielle, dont il n'en aperçut même pas au moment de la fuite. D'autant plus qu'il était choqué et scandalisé par le spectacle de sa maîtresse égorgée devant lui avec du sang giclant, par lequel il avait même été éclaboussé. Il n'avait d'autres issues que de s'enfuir pour ne pas subir le même sort. C'est un crime passionnel, certes, mais c'est un meurtre quand même, dans lequel le mari bafoué fut impliqué, outre la tentative de meurtre à l'égard de l'amant qui l'avait échappé belle. L'avocat de la défense a avancé la thèse que son client a été pris par une crise de démence. Il lui a demandé une expertise de ses capacités mentales. L'affaire a été renvoyée en attente de l'expertise que la Cour a autorisée.