L'accusé dans cette affaire avait une drôle de façon d'exprimer son amour à sa femme. Il était en effet, d'une jalousie morbide à telle enseigne qu'il ne voulait plus la quitter d'une semelle. Il ne cessait de lui exprimer son amour démesuré, et lui déclarait qu'il n'imaginait pas pouvoir vivre, serait-ce un instant loin d'elle. Il faut dire que celle-ci, le trouva dès les premiers mois du mariage particulièrement violent et fougueux. Son épouse croyait au départ que les choses allaient s'estomper au fil des jours et au fur et à mesure qu'il apprit à la connaître pour enfin lui faire entière confiance. Mais les choses n'avançaient pas et l'époux jaloux était de plus en plus rongé par le doute que sa femme put céder à un regard polisson, ou au charme d'un Casanova de passage. Ainsi, il devint constamment sur les nerfs et lui faisait remontrances sur remontrances au moindre fait ou geste qu'il jugeait inhabituel ou équivoque. Les scènes de ménage se multipliaient et le nid conjugal douillet se transforma en géhenne. La femme se sentant étouffée, alla chez ses parents afin de changer d'ambiance et donner à son mari l'occasion de prendre du recul et faire son introspection, pour qu'il puisse se ressaisir et revenir à la raison. Mais son attitude ne fit qu'attiser sa colère. Il alla la voir pour la convaincre de réintégrer le domicile conjugal, en lui réitérant qu'il l'aimait à la folie et que sans elle, il était perdu. Cependant, il usa pour ce faire de moyens de choc. Puisqu'il n'hésita pas, en cours de discussion, de sortir un couteau qu'il cachait dans ses vêtements pour lui asséner plusieurs coups, lui générant de profondes blessures avant de filer à l'anglaise, sans se soucier de l'état déplorable dans lequel il l'avait laissée. La scène de violences se passa en pleine rue, près de la maison de ses gendres et en présence de plusieurs personnes qui passaient par là et qui s'empressèrent de conduire la victime à l'hôpital où elle fut secourue à temps. Arrêté, le violent mari fut inculpé de tentative de meurtre et condamné en première instance à cinq ans d'emprisonnement. Interjetant appel, il comparut dernièrement devant la cour, pour expliquer qu'il n'avait pas l'intention de tuer son épouse, considérée par lui, comme l'être le plus cher du monde. Mais il était au moment de l'acte ajouta-t-il dans une colère telle qu'il ne mesura pas la gravité de son geste. Son avocat le soutenant, affirma que son client n'avait aucunement l'intention de tuer son épouse. Il était aveuglé par une jalousie morbide, et était dans un état d'hystérie tel qu'il ne réalisait plus ce qu'il faisait. L'avocat présenta à la Cour un acte signé par l'épouse de la victime dans lequel celle-ci déclarait retirer sa plainte et renoncer à se constituer partie civile. La cour appréciera.