Les investisseurs ont droit à des terrains au dinar symbolique, des dotations et des facilités d'investissement dans le secteur des foyers universitaires privés. L'administration a adhéré à cette option pour faire face à la pression subie par le secteur public en la matière. Mais tous ces encouragements n'ont pas, parait-il, abouti à des résultats probants, notamment en matière de qualité des services rendus. Les étudiants contestent un esprit commercial affligeant qui domine les rouages de ce secteur. D'ailleurs, il serait plus opportun de ne pas attendre les préparatifs de la prochaine rentrée universitaire pour faire le bilan des actions entreprises dans ce domaine. Les propriétaires des foyers font, parait-il, l'unique « relookage » de l'année pendant cette période et délaissent leurs établissements durant le reste de l'année.
La capacité d'accueil Si 370.000 étudiants tunisiens poursuivent régulièrement leurs cours à l'université, près de 200.000 se retrouvent dans le besoin d'avoir un logement. Les autres habitent chez eux. Les structures d'hébergement existantes leur offrent 60.000 lits dans les foyers universitaires publics et près de 8.000 lits dans le secteur privé. Le reste des étudiants se débrouille pour trouver un hébergement à travers la location d'un logement indépendant. Il y a plus de 130.000 étudiants qui sont à la merci de propriétaires sans scrupules qui leur imposent des prix exorbitants. Mais, là n'est pas l'objet de l'intérêt de ce papier. C'est plutôt du côté de l'absence d'un quelconque intérêt à la qualité du produit de la part de la majorité des propriétaires des foyers privés.
Qualité médiocre des services Si les étudiants dans les foyers publics se résignent à l'état des lieux du moment qu'ils paient des contributions symboliques, ceux logeant auprès du secteur privé contestent un rapport disproportionné entre le coût et les prestations servies. D'ailleurs, une enquête a été effectuée par l'Organisation de Défense des Consommateurs auprès de 700 étudiants habitant dans des foyers privés relevant de l'Office Nationale des Œuvres Universitaires du Nord, soit près de 15 % du nombre total de résidents (4.821). Les résultats de l'enquête ont montré que 47,9 % des résidents ne sont pas satisfaits des prestations fournies. Ils sont 42,1 % à reprocher à ces foyers des manquements dans les équipements. 33,7 % déplorent un manque de propreté et 26,3 % contestent la qualité des services. 46,9 % des interrogés considèrent que les prix pratiqués sont élevés en rapport avec les prestations fournies. 9,4 % trouvent même les prix excessivement élevés.
Nécessité de contrôle Une bonne majorité des étudiants interrogés ont des reproches à faire à ces foyers. Ils ne sont donc pas satisfaits de la qualité des services rendus. Mais ils sont obligés à recourir à ces services lorsqu'ils se retrouvent dans l'impossibilité de trouver des places dans un foyer public. Cette problématique concerne spécialement les filles. Plus de 80 % des foyers sont destinés aux filles. Or, si l'on sait qu'une bonne partie de ces propriétaires a bénéficié de multiples avantages de la part de l'administration comme un terrain au dinar symbolique et 25 % du coût de l'investissement, on est en droit de s'interroger sur le contrôle des structures de l'ONOU sur ces établissements. Un suivi régulier et rigoureux doit se faire de la part de l'administration et, d'une manière systématique et inopinée, pour permettre aux étudiants de se concentrer sur leurs études. Il serait même préférable que les services concernés s'intéressent pendant cette période à ce contrôle car les propriétaires des foyers exploitent l'intérêt porté actuellement par les étudiants à leurs examens pour ignorer tout sens de l'entretien. Ceci dénote d'un sens strictement commercial et ne cadrant pas du tout avec l'objectif visé par la communauté nationale en accordant de tels avantages aux investisseurs.