La justice internationale est à la mode actuellement. Incroyable mais vrai, c'est elle qui fait l'actualité. Le voilà enfin ce tribunal international spécial chargé de faire la lumière sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri. Comme dit le dicton, la patience est la mère de toutes les vertus, les Libanais, après avoir attendu quatre ans, attendront le temps qu'il faudra pour connaître enfin la vérité. Et puis il y a le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Le bourreau numéro un de milliers de Musulmans de Bosnie, le Serbe Radovan Karadzic a non seulement refusé de plaider coupable ou non-coupable mais s'est permis l'audace de ne pas reconnaître la légitimité de ce tribunal international. Et voilà que la Cour Pénale Internationale lance un mandat d'arrêt contre le Président soudanais. Une première très remarquée pour la Cour qui vient de frapper fort réussissant ainsi un coup médiatique sans précédent. Dès lors, cette initiative risque d'ajouter de l'huile sur les braises d'un conflit aux intérêts multiples et croisés qui se situe bien au-delà de l'épineux problème du Darfour. Alors, la question : Quelle légitimité a toute cette justice internationale ? Est-ce la justice des vainqueurs, des - civilisés - ou la justice universelle ? Le problème est complexe car il s'agit de savoir s'il faut passer la justice avant la paix ou la paix avant la justice. Et dire que c'est l'Afrique qui a insisté pour que cette Cour voie le jour afin que cesse le règne des bourreaux. Curieusement, cette Cour, comme l'a dit le Président sénégalais, ne semble appliquer les règles de la lutte contre l'impunité qu'en Afrique, comme si rien ne se passait ailleurs, en Irak ou à Gaza, en Colombie ou en Birmanie. Pourquoi certains et pas d'autres ? Un dangereux précédent. Ne pas punir les assassins c'est jouer leur jeu, c'est faire prévaloir l'impunité, c'est encourager les crimes de guerre. Autant les crimes contre l'humanité ne peuvent rester impunis, autant les crimes d'agression ne sauraient être tolérés. Il ne devrait pas y avoir de sous-crimes et de bonnes ou de mauvaises victimes. Alors de grâce pas de sur mesure, pas de deux poids deux mesures. La justice est certes humaine mais il faut se garder de faire preuve d'injustice envers... la justice.