Nous l'avions à maintes reprises souligné, Mohsen Habacha est de la trempe de ces hommes non seulement fort connaisseurs en football, mais grandement imbus de ces belles qualités morales caractérisant la vieille école. L'Etoile de nouveau concernée par le sacre, n'accusant qu'un tout petit point sur l'Espérance, nous l'avons approché pour nous donner ses impressions sur cette fin de saison explosive qui se profile à l'horizon. Entretien : __Le Temps : Franchement, vous attendiez-vous à une défaite aussi sévère du CA devant ces étonnants Hammam-Lifois ? __Mohsen Habacha : Je vais vous faire une confidence, avant le match j'ai eu Anis Ben Chouikha, en ami, au téléphone pour les félicitations du Mouled, et il m'a assuré que le CSHL battrait le CA le lundi. __Votre analyse technicotactique de ce séisme survenu à Radès ? __Tout d'abord l'absence de Souissi et Ifa a pénalisé le bloc clubiste. Bachtobji tout seul a montré ses limites. Saïdi trop lourd et éloigné longtemps des réalités de notre football a perdu les notions caractérisant l'évolution de nos attaquants. Quand vous avez affaire à ce trio magique Harrane, Ghariani, Sabeur, la tâche se complique singulièrement. Par ailleurs, le tort des Tunisois est de n'avoir pas évolué comme d'habitude avec patience. Normalement, ils auraient du temporiser, assurer derrière et jouer en contre. Ils n'ont pas su ou pu jouer selon leurs habitudes. __Mais vous ne parlez pas du rôle déterminant joué par Ben Chouikha ? __C'est un sujet à part. Un véritable maestro tout simplement. Il joue avec sa tête. Sans ballon, il se décale toujours à gauche baladant Hmam comme il veut et ouvrant des brèches au milieu de la défense clubiste. De plus, et en dépit de son âge, il a toujours eu un mètre d'avance sur son opposant direct. Quelle classe ! Et dire qu'on l'ignore encore en EN ; incompréhensible pour moi. La taille ? Pourquoi, Tarek, Girès, et autres ne sont pas plus grands que lui. Mais allez savoir.... __Revenons à l'Etoile, comment voyez-vous désormais vos chances ? __Nous travaillons sans penser au titre. Encore heureux si nous parvenions à décrocher la seconde place qui suffirait grandement à notre bonheur. Nous étions au creux de la vague et personne ne donnait cher de notre peau. Mais si d'aventure les choses tournaient en notre faveur, nous ne raterions point l'aubaine. __Vous pensez sérieusement que l'Espérance après la peur ressentie suite à la perte du derby va s'amuser encore à lâcher prise de nouveau ? __La force de l'Espérance réside sans conteste aucun dans son public. Chez nous, on perd un match, on nous insulte et on nous boude. L'Espérance se fait étriller par le CA, trois jours après, 40 mille spectateurs garnissent les travées du stade El Menzah dans des conditions atmosphériques terribles. Un message clair des socios que les joueurs ont saisi pleinement. Un blanc seing lourd de signification... Il serait donc difficile qu'après cette grosse frayeur, les « sang et or » lâchent de nouveau du lest et gaspillent leur avance. Mais tout reste possible d'ici là. __Homme de principes de la vieille école, que pensez-vous du geste de Ammar Jmel à l'endroit du public de Jendouba, lui avez-vous remonté les bretelles dans les vestiaires ? __Jmel est très jeune, déjà depuis l'échauffement, un provocateur n'appartenant ni au BD ni encore moins aux officiels de Jendouba lui a collé aux basques l'abreuvant d'injures. A la fin, il a réagi car, il y a je pense des limites à ne point dépasser. Un exemple si vous permettez et là je ne veux point cautionner le geste de Jmel, le monumental Zidane atteint dans son honneur, dans sa famille par Matterazzi a fini par craquer en lui assénant ce –célèbre- coup de tête. En cette fin d'exercice chaude, j'appelle à la pondération et au respect de l'éthique sportive. Préservons les bonnes relations entre toutes nos écuries, les titres sont à mon sens éphémères. Seules les bonnes relations sont durables.