Avec sa fabuleuse connaissance de la culture orientale, sa passion pour l'anthropologie et en adulte de notre époque, Jacque Chirac relève un périlleux défi: comment combattre le négationnisme historique? Et en ces temps de résurgence des haines, Jacques Chirac absout les musulmans de la négation de la Shoah, qui est plutôt le fait des Chrétiens. Chirac veut donc faire connaître l'holocauste, le faire accepter "sans faire porter (dit-il) aux pays Musulmans une culpabilité qui n'est pas la leur". Au fond (et il le sait), ce négationnisme, le refus d'admettre que Hitler ait envoyé des millions de Juifs dans des fours crématoires, "justifie", d'une certaine manière, l'anti-sémitisme et, de surcroît , il donne bonne conscience à la mauvaise foi d'un certain Occident qui met en perspective l'islamophobie pour mieux cacher sa haine viscérale et historique à l'endroit des Juifs. Qu'on excommunie des évêques pour leur négationnisme, puis qu'on les repêche; ou qu'un Pape, ayant fait partie de la jeunesse allemande des temps du Führer, balbutie dès qu'il s'agit de dialogue des cultures, cela prouve que c'est plutôt par là, en remontant jusqu'à Judas, au préfét romain Pilate et à la cassure judéo-chrétienne, qu'il faut (re) commencer pour comprendre ce négationnisme viscéral. Or que vient faire le monde musulman dans tout cela? Les Musulmans constatent, pourtant, que deux religions monothéistes, le Christianisme et le Judaïsme, font du négationnisme complice depuis seize siècles. Elles nient tout simplement la dimension prophétique de leur Prophète Mohamed, "le dernier des prophètes" et en font un "sanguinaire guerrier", caricaturé avec un turban auquel est suspendue une bombe! L'initiative de Jacque Chirac de faire traduire l'émouvant livre: "Le journal d'Anne Frank" en arabe, est sans doute une bonne chose. Mais le rapprochement qu'il prône entre les cultures et les religions et ce "projet Aladin" lancé avec l'appui de l'UNESCO, ne saurait se focaliser sur le rétablissement de la mémoire de la Shoah pour endiguer ce que l'ex-président français qualifie de "nouvelle haine des Juifs" au Proche-Orient. Les Arabes et les Musulmans n'ont jamais nié la Shoah. C'est même dans les pays arabes et musulmans que les Juifs ont été protégés contre la traque des Chrétiens à l'époque de l'obscurantisme catholique, puis contre celle des fascistes. Même si des pays musulmans, dont le nôtre, ont appuyé l'action de M. Chirac, il y a quand même lieu de ne pas extrapoler. Les conflits de religions existent entre Chrétiens et Juifs et entre Chrétiens et Musulmans. Il n'y a pas, à proprement parler, de conflit judéo-musulman, mais un conflit arabo-israélien. Et on ne comprend toujours pas que le rétablissement de la mémoire de la "Shoah" rebondisse systématiquement après chaque massacre des Palestiniens par les Sionistes. Oui, possible, comme l'écrit Jean Daniel: le peuple d'Israël vit dans "la prison juive", avec la Shoah et donc, dans la haine.