Calmement, avec pondération, sans agressivité et sans trop parler, Coelho aura discrètement géré une année d'acclimatisation aux rouages du football tout en gardant l'œil sur l'évolution de nos joueurs à l'étranger. On commençait même à stigmatiser de trop longues vacances comme si le fait de succéder à un Lemerre ayant juré de nous restituer une équipe nationale en débris, était une sinécure. Cette simplicité toute naturelle Coelho fait les choses simplement. On a d'ailleurs bien vu que, sans verser dans une communication frénétique, c'est en homme qui dit les choses comme elles sont, et qu'il ne se projette pas. En tous les cas, il apporte de la chaleur humaine au sein d'une sélection nationale, devenue à un certain moment de marbre et impassible à l'image du visage placide de Lemerre. N'étant donc pas un maniaque, ni un névrosé et certainement pas un maniaco-dépressif, Coelho est ouvert au dialogue.. Et, puisqu'il ne cultive pas de paranoïa, ni ne se fond dans des effusions sentimentales, ce Portugais reste équidistant, modérateur, stabilisateur même, un peu à l'opposé, de José Mourinho par exemple. Mais ceux qui l'ont côtoyé durant son année de séjour chez nous, affirment que son côté irascible surgit pour peu qu'on discute ses choix. Souple, mais pas influençable. Communicatif jusqu'à certaines limites. Renfermé au delà de certaines lignes rouges. Et le plus important, c'est qu'il ne se met pas sous la cape d'un influent membre fédéral même si quelques-uns s'y sont essayé au début. Pourquoi avoir attendu la victoire au Kenya pour brosser le tableau de Coelho? Il le sait lui-même, après les abus de l'ère Lemerre (après la CAN), les Tunisiens ne sont plus disposés à faire de concessions quant à leur équipe nationale. On jugera sur pièce désormais. Mais ce qui est sûr c'est que la confiance entre cadre technique de l'équipe nationale et fédération est rétablie, par rapport aux derniers mois de l'ère Lemerre où les deux parties se regardaient en chiens de faïence. Quand on traite en professionnels Il faut être à deux (au moins) pour "réussir" un gâchis. Et, il faut être à deux (au moins) pour éviter un gâchis. Remontons en arrière. Roger Lemerre était humainement accessible parce que Hammouda Ben Ammar savait se prendre avec lui, et d'une certaine manière, Nabil Maâloul jouait aux stabilisateurs. Mais dès qu'il s'est retrouvé seul, Lemerre ne put cadrer toute sa fragilité psychologique. Sans repère qu'il croit maîtriser, il est perdu. Et, de surcroît, Tahar Sioud croyait pouvoir le dompter par de simples dispositions structurelles. Aujourd'hui, en revanche, Coelho traite avec un partenaire, Kamel Ben Amor. Un homme qui a horreur de l'exubérance, qui ne se compromet pas dans le verbiage, et qui n'a d'autre ambition que de servir le football. Il avait fait ses premières armes comme dirigeant chez les Cheminots. On comprend dès lors une certaine déformation professionnelle, un certain corporatisme qui font qu'avec lui, la fédération cesse d'être le jardin privilégié des mondanités pour se faire une carapace professionnelle. Rien ne sécurise et ne responsabilise autant un sélectionneur national qu'un vis-à-vis fédéral qui se comporte en professionnel et non pas en dilettante embourgeoisé et mu par la seule notoriété. Cela les sélectionneurs étrangers savent parfaitement le flairer. Raouf KHALSI PS: A notre connaissance, personne en Tunisie n'a bombardé Lemerre à coups de bouteilles comme lui ont fait les Marocains. Il nous regrettera.