* Les veillées nocturnes, une opportunité pour les commerces fermées le jour pour cause de jeûne. Longtemps échaudés à l'idée d'avoir à affronter des journées finissant à 22 heures du soir et même davantage, au mois de Ramadan prochain qui aura lieu en plein milieu de l'été, en août, les citoyens tunisiens ont accueilli avec soulagement la décision de maintenir l'heure légale, cette année. D'autant qu'ils avaient eu droit à un aigre avant-goût de l'épreuve qui les attendait, lors de Ramadan dernier, arrivé au mois de septembre mais dont les derniers jours avaient été particulièrement chauds et longs. Certains avaient d'ailleurs apprécié « cette préparation physique précoce », car, quelque vingt-cinq ans après, l'été prochain marquera le démarrage d'un nouveau cycle de ramadans coïncidant totalement avec la saison chaude et ses longues journées, et commandera, en conséquence, le déploiement de pénibles efforts d'adaptation supplémentaires de la part des hommes pour pouvoir supporter une abstinence prolongée dans cette période d'abondance et de tentations.
Un privilège pour le corps «On peut pallier les affres de la chaleur avec mille artifices, mais avoir à languir et à se morfondre, éveillé durant 18 et 20 heures, en attendant le signal salvateur de la rupture du jeûne, voilà qui est pénible à bien des égards, nous a dit un habitant d'un certain âge de la banlieue nord de Tunis. Aussi, a-t-il ajouté, le maintien de l'heure légale sans changement cette année, et probablement les prochaines années, aussi, représente une bonne mesure, et beaucoup s'étaient attendus à une décision pareille, dès Ramadan dernier. En effet, selon ce même habitant et d'autres interlocuteurs de cette région côtière, renfermant les stations balnéaires les plus fréquentées par les estivants et les vacanciers du Grand Tunis, le mois de Ramadan et le jeûne ne s'opposent pas aux baignades à la plage qui sont la principale attraction des vacances d'été. Au contraire, affirment-ils, les baignades à la mer sont très rafraîchissantes pour les personnes qui jeûnent et elles n'occasionnent ni fatigues supplémentaires, ni un surcroît de soif. Le corps, allégé du poids des aliments et des boissons ingurgités, habituellement, à longueur de journée, ainsi que des soucis quotidiens du ventre, ne peut qu'en apprécier davantage les effets bénéfiques. Plutôt qu'une dure épreuve, la circonstance constitue un privilège pour le corps, bien que Ramadan et le jeûne soient considérés comme une épreuve pour l'homme, par la religion islamique, en vue d'une récompense méritée. Toutefois, la perspective ne semble pas aussi prometteuse et brillante pour les restaurateurs, cafetiers, pâtissiers et autres prestataires de services similaires de la région, qui devront faire preuve de beaucoup d'imagination pour contrebalancer les retombées commerciales de cet évènement sur leurs recettes. La saison estivale est la poule d'or de ces commerçants du ventre dans les stations balnéaires de la banlieue nord de Tunis, particulièrement la Goulette et la Marsa. Or, pendant le Ramadan, tout le monde préfère rompre le jeûne chez soi, le soir, en famille, autour d'une table soigneusement garnie. Il y a aussi l'aspect religieux de l'évènement qui limite les ventes des boissons alcoolisées, dans les restaurants touristiques. Interrogé à ce sujet, un restaurateur de la Goulette a déclaré '' n'avoir pas encore réfléchi profondément à la question'', mais les opportunités existent et sont meilleures, d'un certain point de vue, a-t-il indiqué, car, les gens ont l'habitude de veiller et de sortir, en familles, les nuits de Ramadan. Et c'est peut être, ainsi, une excellente occasion qui s'offre à nous pour nous rééquilibrer et faire revivre les modes traditionnels d'animation mieux ajustés à nos fibres et à nos coutumes ancestrales, au sein d'une Tunisie plus développée et plus ingénieuse qu'il y a vingt-cinq ans.