Le tribunal de première instance de Tunis a examiné dernièrement une affaire de tentative de détournement dont la victime est une ouvrière employée dans une usine de textiles. Elle s'appliqua tant et si bien à son travail que, le jour de l'incident, elle quitta l'atelier vers le coup de dix heures du soir. De guerre lasse d'attendre indéfiniment un bus, elle se décida alors à emprunter le chemin du retour à pied. Elle hâtait le pas pour rejoindre dans les meilleurs délais sa petite famille qui l'attendait, mais, à un détour, le hasard devait mettre sur sa route un ivrogne fort menaçant. Une rencontre fortuite qui allait s'avérer pleine de périls. Avant que la jeune femme ne réalise ce qui lui arrive, l'énergumène s'était déjà planté en face d'elle, exhibant un coutelas de boucher. Son arme blanche suffisait pour traduire ses intentions. Il empestait l'alcool et il n'y avait pas âme qui vive dans les environs, pouvant le dissuader de commettre son forfait. Il l'a forcée à le suivre dans une maison éloignée qui lui sert en réalité de taverne qu'il fréquente en compagnie d'individus peu recommandables pour assouvir particulièrement leur soif et se divertir si l'occasion se présente avec des filles de joie qu'ils ramènent au gré des rencontres. Esseulée qu'elle était, la jeune femme a tenté de l'amadouer en lui proposant une somme d'argent ainsi que son téléphone portable, mais, en grand « seigneur », il a refusé l'offre, car ce n'était pas l'objectif recherché : il entendait seulement assouvir son instinct bestial avant de la laisser partir. Prise de panique, elle s'exécuta et suivit son bourreau jusqu'à sa tanière. Là, il commença à s'en prendre à sa victime qui remarqua rapidement que son ravisseur avait d'énormes difficultés d'élocution, tellement son esprit était embué par le vin ingurgité. Paralysée dans un premier temps par la frayeur, elle a cédé aux préliminaires avant de se ressaisir et de prendre son courage à deux mains pour mettre fin à son calvaire. Subrepticement, elle plongea ses doigts dans son sac à main pour en sortir un vaporisateur de parfum qui s'avéra particulièrement efficace. En effet, il lui a suffi de deux jets dans les yeux de son agresseur pour l'aveugler complètement avant de prendre ses jambes à son cou, se libérant ainsi des griffes de son ravisseur. Ce dernier tenta de s'agripper à sa victime, mais il tituba et s'affaissa au sol ivre-mort. La couturière se rendit au triple galop au poste de police le plus proche pour raconter sa mésaventure aux agents, leur indiquer l'endroit de la tanière et surtout leur fournir le signalement précis de son ravisseur qui a été retrouvé sur le champ et arrêté. Placé en cellule de dégrisement, il a recouvré le lendemain sa lucidité et avoué sa tentative de viol de la jeune femme. A l'audience, il a sollicité le pardon, mais le tribunal de première instance de l'Ariana lui a infligé une peine de six ans de prison pour détournement, violences et tentative de viol. L'accusé interjeta appel. A l'audience, il essaya de convaincre la cour que la victime l'avait suivi de son propre gré et qu'il n'avait pas usé de violences. L'avocat de la défense a suivi son client en évoquant l'absence d'éléments matériels pouvant confirmer la thèse du détournement. Il sollicita la clémence de la cour surtout que l'accusé n'avait pas d'antécédents judiciaires. Mais le tribunal n'a pas suivi et il a confirmé la peine prononcée contre le malfrat en première instance, soit six ans de privation de liberté.