Les transferts des fonds de nos compatriotes s'élevent à 2 milliards de dinars par an, soit 5% du PIB, 22% de l'epargne nationale et 10% des recettes courantes Les transferts d'argent de nos compatriotes à l'étranger risquent « à moyen terme » de diminuer sous l'effet de la crise économique, déduction faite des résultats de l'étude effectuée par l'Agence de notation Standards& Poors (S&P) qui relève que « Les travailleurs expatriés des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord vont devoir transférer moins d'argent vers leurs pays d'origine en raison de l'impact négatif du ralentissement économique sur leurs revenus dans les pays d'accueil ». Cette baisse de transferts d'argent par les ressortissants tunisiens sera comprise entre 5 et 10% en 2009. Il en est de même pour plusieurs autres pays de la région MENA, en particulier l'Egypte, le Liban, la Jordanie et le Maroc.
Part 5% du PIB D'après l'étude, les balances extérieures du Liban et la Jordanie sont les plus susceptibles d'être "affectées" par un reflux, tandis que celles du Maroc, d'Egypte et de Tunisie seraient "relativement moins exposées". Pour ces cinq pays, le volume de transferts d'argent est très important, estimé à 20,4 millions d'euros en 2008, soit trois fois plus qu'au début du millénaire, pesant ainsi 5% du PIB en Tunisie et en Egypte et plus de 20% du PIB du Liban. En effet, les transferts d'argent constituent notamment "une source significative" d'investissement dans l'immobilier et contribuent "à l'accumulation de réserves de change et à la stabilité de la monnaie", note l'Agence S&P, qui relève également que ces mouvements de fonds représentent "une importante source de revenus" pour les familles qui en sont les destinataires. L'Agence S&P considère toutefois que l'impact d'une chute des transferts d'argent sur la note souveraine des Etats concernés serait "probablement négligeable" et rappelle que les notes de ces cinq pays sont actuellement placées en perspective stable.
Evolution des transferts Les transferts des Tunisiens à l'étranger s'élèvent à 2 milliards de dinars par an soit 5% du PIB, 22% de l'épargne nationale et 10% des recettes courantes, occupant ainsi le quatrième rang des secteurs pourvoyeurs de devises. Au cours des dernières années, le rythme des transferts enregistre un taux de croissance de 1,4% d'une année à l'autre passant de 1091 MD en 2000, 1783 MD en 2004, 1807 MD en 2005 à environ 1911 millions de dinars en 2007. La part de lion revient à l'Europe, le continent qui abrite le plus de Tunisiens (600 mille), avec un volume de transferts de 1609 notamment en provenance de la France (950 MD), suivi par l'Italie (250 MD) et l'Allemagne (300 MD). Ces envois sont principalement réalisés via des sociétés de transfert d'argent, par le circuit bancaire classique ou par courrier. Toutefois, le taux de bancarisation des émetteurs demeure faible et ceci s'explique selon plusieurs observateurs par l'absence de transparence des prix et les coûts élevés (jusqu'à 16 % du montant du transfert) pratiqués dans certains pays. Ce qui alimente les envois informels qui s'élèvent jusqu'à quatre fois supérieurs aux envois officiels, via les systèmes de transferts légaux, exigeant souvent des frais de transaction très élevés. Cet argent alimente abondamment le marché noir où euros et dollars s'échangent à des prix en-dessous des tarifs bancaires. Dans le monde, cent-vingt-cinq millions d'émigrés transfèrent annuellement quelque 230 milliards d'euros vers les pays d'origine. Pour les pays du Maghreb, officiellement, ce sont plus de 8 milliards d'euros qui traversent la Méditerranée. Les communautés maghrébines européennes sont celles qui transfèrent le plus vers le pays d'origine, selon des rapports de plusieurs institutions financières européennes.