Jamais problème de l'eau n'a été au centre des débats que ces derniers temps. Déjà, à Istanbul s'est tenu récemment le Congrès mondial de l'eau avec son lot de recommandations parfois alarmistes. Plus prés de chez nous, le mois de mars n'a pas dérogé à cette règle. En application aux recommandations présidentielles contenues dans le discours du 12 mai 2007, il a été décidé de réserver à partir de 2008 une Journée nationale d'économie d'eau à travers tous les gouvernorats de la République. Et ce n'est pas tout : la ville de Bizerte, important réservoir hydrique du pays depuis des lustres a organisé maintes manifestations à ce sujet, appelant « à une consommation économique et raisonnée de l'eau », un devoir civique à respecter au plus vite, eu égard au tarissement irrémédiable de cette source de... vie et, par extrapolation, de futurs conflits tant régionaux qu'internationaux à travers la planète Terre. D'après les derniers chiffres étayés par les responsables concernés du commissariat régional du développement agricole de Bizerte, il ressort que la capacité de rétention en eau potable tourne autour de 418 millions de m3, par rapport à la capacité nationale qui est de l'ordre de 4655 millions de m3. Cette eau est préservée dans trois grands barrages (Sejnane, Joumine, et Ghezala) et dans 24 lacs collinaires et 74 Barrages collinaires ainsi que des puits profonds et de surface. Alors que le taux de rétention devrait atteindre les 93% à la fin du 11ème plan avec le parachèvement de la construction de six nouveaux barrages « Ezzayatine, El-Haraka, Kamkoum, El-Malah, Ettine et Douimisse » d'une capacité de rétention globale de 175 millions de m3. Par ailleurs, en matière d'irrigation agricole plus des deux tiers en besoins d'eau sont fournis par les grands barrages de la région et par le barrage de Sidi Salem à travers l'oued Medjerda ainsi que l'importance des eaux en surface et profondes qui couvrent les besoins de 5000 ha des surfaces irriguées. A noter qu'entre 1997 et 2008, 19263 hectares de surfaces irriguées ont été équipés par des techniques d'économie d'eau soit 80% de l'ensemble des surfaces des zones irriguées dans la région.
Enjeux Le club de la presse de Bizerte, pour ne pas demeurer en reste, a organisé de son côté avec le concours de la CRDA de Bizerte et du district de la SONEDE un colloque à l'espace culturel de Dar Sidi Jalloul, lequel colloque a été placé sous le thème « La gestion des ressources hydrauliques dans la région de Bizerte : Quels enjeux ?». L'un des intervenants, en l'occurrence M.Moncef Ettayeb du commissariat régional a mis en exergue le plan directeur des eaux du nord, la stratégie nationale d'économie d'eau surtout dans le domaine agricole ainsi que les techniques d'irrigations les plus performantes et les plus...économiques. De son côté M.Naceur Oueslati responsable à la CRDA et qui a fait partie de la délégation Tunisienne au dernier Forum mondial de l'eau d'Istanbul « La demande en eau, compte tenu de l'accroissement démographique et des mutations économiques et sociales notamment va inévitablement croître et le risque de manque d'eau ne peut plus être écarté ce qui implique de manière absolue une gestion plus économe, plus durable et plus équitable des ressources en eau ». Pour le même intervenant « L'eau est rare et précieuse et la Tunisie est classée parmi les pays dont les ressources en eau sont limitées. La part du citoyen Tunisien est de 435 m3 par an, inférieure à la ligne rouge estimée à 1000 m3 par an et par habitant, ce qui fait que les enjeux de l'or bleu sont énormes et réels » Quant à M.Charfeddine Selliti, Chef du district de la SONEDE/ Bizerte, il a notamment développé les grandes lignes du programme national d'économie d'eau, lequel permettra une économie de 30% à l'orée de 2030, insistant sur les ressources non traditionnelles telles le dessalement de l'eau de mer par la technique de l'osmose inverse, l'exploitation des eaux profondes à travers les puits artésiens et la réexploitation des eaux usitées, à concurrence de 7% de l'ensemble des ressources. Le responsable de la SONEDE a d'autre part révélé que grâce à des moyens techniques de détection perfectionnés plus de 30 infiltrations et 17 cassures souterraines de taille ont été détectées à temps permettant l'économie de 149 m3 par heure sur 107 km allant des zones de Menzel-Jemil à Bizerte nord, en passant par Bizerte sud, Raf Raf, Cap-Zebib, Mètline, Ghar El Melh, Zarzouna, Menzel Abderrahmen et Ras-Jebel.