Un atelier de travail, organisé à l'initiative de la Banque nationale de gènes, hier, à Tunis, a mis en évidence l'importante contribution qu'une bonne exploitation des ressources génétiques fourragères et pastorales locales peut apporter à l'amélioration de la production fourragère nationale qui accuse un déficit de l'ordre de 24% dans la satisfaction des besoins de la Tunisie, dans ce domaine. Ouvrant la rencontre, le ministre de l'agriculture et des ressources hydrauliques, M. Abdesselam Mansour, a fait état d'un programme national tendant à augmenter la superficie consacrée aux cultures fourragères de manière à la porter à 410 mille hectares en 2016, contre 337 mille hectares exploités actuellement, à cette fin. Cette extension permettra de réduire le déficit de la balance fourragère, en le ramenant à 9% contre 24%, actuellement. Les besoins du cheptel ruminant s'élève à 5,4 milliards d'unités fourragères, par an, alors que la production nationale assure, actuellement, 4,1 milliards d'unités. Le déficit alimentaire constitue une contrainte majeure pour le développement de l'élevage. L'atelier de travail se tient d'ailleurs sous le titre « solutions pratiques pour le développement et la valorisation des ressources génétiques fourragères et pastorales autochtones. »
Richesse sous utilisée Or, depuis longtemps, la flore fourragère et pastorale tunisienne était connue pour sa richesse et son abondance. Des centaines d'espèces sont répertoriées, englobant de très nombreuses variétés adaptées aux conditions extrêmes de nos milieux. Mieux encore, comme l'a fait remarquer un intervenant, « ces ressources attendent pour la plupart au bord des champs de culture et dans les parcours, qu'on veuille bien les laisser exprimer leur potentiel génétique en culture ». L'exploitation de ces ressources permet d'améliorer la productivité des cultures fourragères pratiquées et des parcours, qui représente un autre facteur limitant de taille, dans ce domaine. Il existe une disparité entre les besoins du cheptel et les possibilités réelles de production du couvert végétal naturel, qui met en danger les ressources génétiques fourragères et pastorales. Nombre de ces espèces se trouvent aujourd'hui menacées de disparition et leurs écosystèmes entrent dans une dynamique de régression, menant, souvent, à la désertification. Parmi les légumineuses fourragères pouvant être immédiatement valorisées, on signale le Sulla, la Luzerne, le Bersim et les Vicia, car, outre leurs rendements énergétiques et protéiques élevés, ces plantes sont scientifiquement mieux connues, en ce qui concerne leurs caractéristiques biologiques et agronomiques. Certaines de ces espèces ont donné lieu à des travaux d'amélioration génétique et ont permis la création de nouvelles variétés très performantes. Cependant ces variétés continuent à être sous utilisées, et c'est d'autant plus injustifié que cette sous utilisation est due à des « raisons sociales, législatives et commerciales, mais non pas techniques » encore que « la qualité génétique de ce matériel biologique amélioré soit, heureusement, de plus en plus recherchée par les agriculteurs efficients dont les agriculteurs instruits, les techniciens locataires des terres domaniales de l'Etat, les Sociétés de mise en valeur et de développement agricole, les Unités coopératives de production. Pour qu'elle soit l'objet d'un programme d'amélioration fourragère, une espèce doit produire suffisamment d'énergie alimentaire, soit assez de matière sèche aisément digestible et indemne de substances toxiques, puis elle doit fournir plus de protéines pour un meilleur développement et une meilleure croissance animale. Un Sulla d'origine étrangère a été importé au cours des années 1970 pour tenter de subvenir aux besoins en matière de semences fourragères. Mais l'expérience n'a pas été concluante. Le programme national d'amélioration a débouché sur la création d'une variété issue de ressources pastorales locales, inscrite au catalogue national des variétés fourragère sous le nom de Bikra 21, et douée d'excellentes propriétés culturales et nutritionnelles. Ainsi, ces ressources génétiques fourragères et pastorales contiennent des solutions innovantes d'avenir pour accroître l'efficience et la durabilité des systèmes de production agricole et améliorer leur productivité dans un contexte de conditions naturelles et humaines évoluant vers des états meilleurs.