La montée en puissance des « dragons » jaunes, notamment le Japon, la Chine et l'Inde dans le nouveau paysage économique mondial a redistribué les cartes et a remodelé les structures des échanges et les flux d'investissements inter-régionaux. Ainsi les relations économiques Sud-Sud sont en crescendo et particulièrement les rapports reliant les pays africains avec l'Inde et la Chine. La Banque Mondiale a élaboré une étude sur l'afflux des relations économiques entre les pays africains et les pays asiatiques, notamment, l'Inde et la Chine. « La route de la soie en Afrique : nouvel horizon économique pour l'Inde et la Chine » est l'intitulé de l'étude qui a dévoilé l'ère d'une nouvelle empreinte asiatique manifestée par l'accroissement des échanges commerciaux et des flux des investissements directs étrangers entre les deux continents. Les résultats de l'étude ont été récemment présentés à Tunis à l'initiative de la Banque Africaine de Développement par Harry G.Brodman, Conseiller économique pour la région Afrique à la Banque Mondiale et auteur de l'étude. Selon M. Broadman, les exportations de l'Afrique vers l'Asie ont triplé ces cinq dernières années, faisant de celle-ci le troisième partenaire commercial des pays africains (avec une part de 27 %) derrière l'Union européenne (32%) et les Etats-Unis (29%) contre une part de 14% en 2000. L'Europe, le partenaire économique traditionnel de l'Afrique depuis l'indépendance a vu sa place achoppée. En effet, durant les cinq dernières années, les exportations africaines à destination de l'Europe des 25 ont chuté de 50%. Les exportations de l'Asie vers l'Afrique ont également augmenté à un rythme très soutenu, soit à une moyenne de 18% par an. Environ 47% des exportations africaines vers l'Asie sont du pétrole et du gaz naturel, ce qui représente 12% des exportations totales de l'Afrique vers le reste du monde. En dehors du pétrole, l'Afrique exporte également de l'or, de l'argent, du platine, du fer, de l'aluminium, du minerai de fer, du cuivre et des perles. Concernant les investissements directs étrangers (IDE) le rapport atteste de la modestie des flux entre les deux régions malgré la dynamique que connaissent les entreprises chinoises et indiennes dans certains pays africains. Les apports d'investissement direct étranger de l'Inde et de la Chine ont également progressé : ceux en provenance de la Chine s'élevaient ainsi à 1,18 milliard de dollars au milieu de 2006, indique l'étude. Les investissements chinois et indiens réalisés en Afrique touchent particulièrement aux secteurs du textile-habillement, de l'agroalimentaire, des pêches et de l'élevage, du transport, du tourisme, de l'immobiler commercial et autres. Selon l'auteur de l'étude : « La Chine et l'Inde poursuivent actuellement des stratégies commerciales avec l'Afrique qui dépassent presque largement le niveau des ressources». Harry Broadman a procédé à une prospection auprès de 450 entreprises chinoises et indiennes et a entrepris les premières études de cas en matière commerciale à être menées sur le terrain au niveau de 16 autres entreprises de la Chine et de l'Inde en Afrique. Les nouvelles données laissent penser que les entreprises asiatiques commencent à se diversifier. Après les ressources naturelles et le pétrole, elles s'intéressent désormais à toute une gamme de secteurs, une tendance qui pourrait, selon M. Broadman, aboutir à ce que l'Afrique produise des produits plus avancés et aider ainsi la région à participer plus pleinement aux échanges internationaux. L'étude indique enfin qu'en Afrique et en Asie, les relations entre les investissements directs étrangers et les échanges sont complémentaires.