Carthage-TAP - A l'occasion de la célébration de la fête du travail, le Président Zine El Abidine Ben Ali a présidé une cérémonie, au cours de laquelle il a prononcé un discours. Voici le texte du discours: "Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux Citoyennes, Citoyens, Nous célébrons, aujourd'hui, avec l'ensemble des peuples du monde, la Fête du Travail. C'est là une occasion pour réaffirmer notre foi inébranlable en les valeurs du travail et de l'effort sur lesquelles nous avons bâti notre projet de civilisation et que nous avons adoptées comme bases pour la réalisation du développement équitable et intégral pour toutes les couches sociales et toutes les régions. Tout en remerciant Monsieur le Secrétaire Général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), pour les nobles expressions contenues dans son allocution, je tiens à adresser, en cette circonstance, mes salutations chaleureuses à l'ensemble des travailleurs intellectuels et manuels, dans tous les sites de labeur et de production, et à leur exprimer ma considération pour le zèle qu'ils déploient dans l'accomplissement de leur devoir et leur contribution à l'impulsion de la progression de notre pays sur la voie du progrès et du bien-être. Mes salutations vont, également, à toutes les entreprises et aux commissions consultatives qui se sont distinguées par leurs efforts diligents en matière d'amélioration des conditions de travail, d'accroissement de la productivité, de consécration du dialogue social et de renforcement des relations interprofessionnelles, ce qui est de nature à procurer à notre économie nationale l'invulnérabilité qui lui permet de relever les défis et de surmonter les difficultés, tout particulièrement en cette phase délicate que traverse l'économie mondiale. Il me plaît, en outre, d'exprimer mes vives félicitations aux travailleurs et aux chefs d'entreprise qui recevront, tout à l'heure, des distinctions et des décorations, en hommage de notre part à tous ceux qui œuvrent et se dépensent dans l'accomplissement de leur devoir professionnel, et se distinguent par leurs apports de qualité, leurs initiatives et leurs innovations. Je voudrais, en cette circonstance, exprimer de nouveau ma considération pour le rôle assumé par l'Union Générale Tunisienne du travail (UGTT), aux côtés de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), et de l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP), en vue de conforter la concorde sociale, de consacrer le dialogue, la coopération et la solidarité entre toutes les parties, au service de l'intérêt supérieur de la patrie. Citoyennes, Citoyens, L'année 2008 a vu se dérouler le septième round de négociations sociales dans les secteurs public et privé, offrant une nouvelle occasion pour le renforcement du dialogue social que nous avons institué en tant que choix intangible pour la promotion du secteur de l'emploi et l'instauration de relations professionnelles saines et évoluées, fondées sur la compréhension réciproque, l'entente et la complémentarité. Tout en exprimant notre satisfaction au vu des résultats positifs de ces négociations tant dans le secteur privé que dans la fonction publique, nous formons l'espoir de voir ces pourparlers se parachever dans les plus brefs délais, au sujet des entreprises et des établissements publics. Dans ce cadre, nous tenons à exprimer notre appréciation pour le sens de la responsabilité dont ont fait preuve les différentes parties concernées, ainsi que pour leur profonde conscience des spécificités de l'étape présente et des défis majeurs et de plus en plus impératifs qu'elle pose à notre pays, dans les divers domaines. L'année 2008 a été marquée par le versement de la première tranche du programme triennal de majorations salariales sur lequel a débouché le denier round des négociations sociales dans les secteurs public et privé, ce qui a permis aux travailleurs de bénéficier d'augmentations de salaires annuelles régulières et continues, sans aucune interruption, depuis le Changement jusqu'à ce jour. C'est, aussi, ce qui a fait de notre pays, grâce à cette politique sociale équitable et constante, un modèle unique au monde, tout particulièrement en cette conjoncture mondiale dominée par la crise financière et économique. Nous avons, en outre, ordonné en 2008 de nouvelles majorations des salaires minima. Ainsi, le salaire minimum interprofessionnel garanti se trouve augmenté de 140 pc environ depuis le Changement, et le salaire minimum agricole garanti de 154 pc environ, durant la même période. Ceci outre l'amélioration des conditions de travail au sein des entreprises, et l'ouverture de nouvelles perspectives de promotion professionnelle et sociale au profit des travailleurs, dans les divers secteurs. Dans le but d'étendre ces majorations salariales à toutes les catégories de travailleurs, nous avons veillé à majorer les salaires des travailleurs non couverts par des conventions collectives sectorielles ou par des statuts particuliers. Ce sont là des mesures qui consacrent notre politique sociale équitable et constante au bénéfice des travailleurs, une politique qui a placé la Tunisie à un rang éminent parmi les trente premiers pays au niveau mondial, et au premier rang aux niveaux arabe et africain, au regard du niveau des salaires minima enregistrés en 2007, comme l'atteste le classement opéré en la matière, par le Bureau International du Travail (BIT), au titre de l'année en cours. Dans le sens de la consécration de ce choix et du renforcement du pouvoir d'achat des salariés au revenu limité, nous annonçons notre décision de majorer le salaire minimum garanti dans les secteurs agricole et non-agricole. Le Gouvernement se chargera de fixer le montant des majorations, après concertation avec les organisations professionnelles concernées. Notre souhait est que ces majorations, toutes catégories confondues, constituent la meilleure incitation au redoublement des efforts, à l'amélioration de la productivité, et au renforcement de l'aptitude de nos entreprises à affronter la concurrence extérieure, à gagner le pari de l'exportation, et à conserver leur potentiel d'emploi. Je tiens à saisir cette occasion pour réitérer mon appel à l'ensemble des travailleurs et des chefs d'entreprise pour qu'ils persévèrent dans la promotion de leurs performances, l'amélioration de leur productivité et le relèvement de leurs compétences humaines aux niveaux les meilleurs, afin que nous puissions être à la hauteur de la vive concurrence qui prévaut, aujourd'hui, entre les nations, dans le domaine de l'industrie de l'intelligence et du savoir-faire, et permettre à notre produit national d'acquérir la valeur qui doit être la sienne, aux plans de la qualité, des coûts et de la commercialisation. C'est pourquoi nous avons ordonné d'organiser, dans le courant de cette année, un dialogue national sur le thème de la productivité, avec la participation des diverses parties concernées, en vue de recueillir des suggestions pratiques qui puissent nous aider à identifier les voies et moyens susceptibles d'améliorer la productivité, d'élever le rythme de la production et de promouvoir les performances, de manière à accroître la compétitivité de notre économie, et à lui permettre de préserver les emplois et de créer de nouvelles opportunités de travail. Citoyennes, Citoyens, Nous traversons, aujourd'hui, avec les autres pays du monde, une phase délicate, pleine de défis d'ordre financier et économique qui ont eu des incidences négatives sur notre pays, affectant le rythme de croissance en général, et atténuant la moyenne des échanges et des transactions des entreprises, en particulier, et cela notamment au niveau des entreprises exportatrices, du fait de leurs rapports avec les marchés extérieurs. En la matière, nous avions pris un ensemble de mesures préventives, au profit des entreprises économiques qui connaissent un ralentissement de leurs activités, et cela en vue de sauvegarder les emplois et d'aider ces entreprises à poursuivre leurs activités dans un contexte de stabilité et de quiétude. L'Etat a, en outre, consolidé l'encadrement des entreprises concernées, en prenant à son compte une partie des charges sociales et financières qu'elles assument, en cas de recours à la réduction des horaires de travail ou à la mise au chômage technique de leurs employés. Ce programme comporte des mesures conjoncturelles à caractère financier, telles que l'assurance des exportations, les crédits de rééchelonnement, la réduction des taux de risques de change et des délais de recouvrement du trop perçu de la taxe sur la valeur ajoutée, outre d'autres mesures que nous avons prises au profit de la formation, de l'amélioration du climat de la concurrence et du renforcement des opérations de commercialisation. Nous avons, de surcroît, instauré un programme spécial à caractère structurel, en vue de faire face à l'accélération des changements sur la scène mondiale, et à l'entrée dans une phase de récession des économies industrialisées. A cet effet, nous avons œuvré à garantir la continuité et la vitalité de l'économie nationale, à préserver les priorités et les objectifs que nous lui avons fixés pour l'étape à venir, et à la préparer, dès maintenant, à mettre à profit la sortie de crise et la reprise au niveau de l'économie mondiale. Ce programme porte, notamment, sur l'amélioration et l'allègement des procédures du commerce extérieur, l'adoption des normes mondiales en matière de salubrité des produits, l'encouragement à s'engager dans les créneaux porteurs et innovants, la mise à niveau du secteur des services et l'examen des possibilités de réaménagement du système de financement et du climat des affaires, en vue de mieux polariser les investissements extérieurs et d'encourager les exportations. D'un autre côté, nous oeuvrons à restructurer les programmes d'emploi et d'insertion, à prendre soin de manière plus dense de ceux qui se trouvent au chômage depuis longtemps, et à conférer aux régions des prérogatives plus étendues en matière de conception et de mise en œuvre de ces programmes. La question de l'emploi des jeunes et tout particulièrement des diplômés de l'enseignement supérieur, reste, pour nous, une priorité constante, en même temps qu'un pari national dont toutes les parties concernées assument la responsabilité. Dans ce domaine, l'Etat s'est employé à résorber plusieurs promotions de diplômés universitaires, et a instauré un ensemble de mesures à l'effet d'inciter les entreprises à recruter un nombre accru de ces diplômés. En outre, nous avons chargé le Fonds National de l'Emploi «21-21» de prendre en charge une partie des salaires à verser aux diplômés de l'enseignement supérieur, et de mettre au point un programme spécial de formation à leur intention, en matière de gestion et d'administration, pour les aider à lancer des entreprises et à créer des sources de revenus. Citoyennes, Citoyens, Nous avons accordé, au secteur de la sécurité sociale, une attention soutenue qui nous a permis d'élargir le bénéfice des avantages fournis et de porter à 93 pc en 2008, le taux de couverture effective. Nous nous sommes préoccupés de faire en sorte que ce secteur préserve ses équilibres financiers, dans le contexte des mutations démographiques, de l'évolution positive au niveau de la santé et de l'élévation de l'espérance de vie que connaît la société tunisienne. Le nouveau régime d'assurance-maladie ayant constitué une mutation qualitative au niveau du système de couverture sociale et sanitaire, nous soulignons la nécessité qu'il y a, pour toutes les parties concernées, de conjuguer leurs efforts pour préparer de manière judicieuse la réforme des régimes de retraite, afin que nous puissions en garantir la pérennité, et garantir les prestations servies aux diverses catégories sociales. Citoyennes, Citoyens, Nous avons toujours souligné que nos ressources humaines constituent la richesse intarissable de la Tunisie. C'est pourquoi nous leur avons accordé toute notre attention et toute notre sollicitude, et particulièrement dans les secteurs sociaux, ainsi que dans les domaines de la santé et de la sécurité au travail, à travers les structures spécialisées que nous avons mises en place, les incitations et encouragements que nous avons instaurés, les recherches et études que nous avons réalisées et la culture de prévention que nous nous sommes employés à inculquer à tous les partenaires de la production. Les résultats que nous avons enregistrés, dans ce domaine, sont encourageants, comme l'attestent, entre autres, la régression du taux d'accidents de travail qui, de 37 pour mille en 1997, a été ramené à 30 pour mille en 2008, et l'augmentation du nombre d'entreprises couvertes par les groupements de médecine du travail et les services médicaux du secteur privé, ces entreprises étant passées de 2.365 en 1997, à 11.500 en 2008. Pour que nous puissions mettre en œuvre le Programme national de gestion des risques professionnels pour la période qui s'étend jusqu'à l'année 2011, nous appelons les entreprises économiques à adhérer en plus grand nombre aux groupements de médecine du travail, et à assurer la couverture de leur main-d'œuvre par les prestations de ce secteur, de manière à atteindre à la fin du XIème Plan national de développement, le taux de 60 pc de la main-d'œuvre couverte par les dispositions du Code du travail. Dans le but d'encourager les petites entreprises à promouvoir la sécurité au travail, nous ordonnons de leur consentir à cet effet, des crédits avec un plafond de cinq mille dinars, à des conditions avantageuses, avec une subvention égale à 50 pc du montant du crédit. Nous ordonnons, également, de réviser le mécanisme des crédits et subventions accordés aux entreprises par la Caisse Nationale d'Assurance-Maladie (CNAM), dans le sens de l'allégement de leurs conditions d'octroi et de l'abaissement du taux d'intérêt, en vue d'inciter ces entreprises à réaliser davantage de projets en matière de santé et de sécurité au travail. Dans ce cadre, nous annonçons l'institution d'un «Prix de la santé et de la sécurité au travail» qui sera attribué annuellement aux entreprises qui se distinguent dans ce domaine. Citoyennes, Citoyens, Notre voie pour la garantie de l'invulnérabilité de notre patrie et du bien-être de notre peuple, passe inévitablement par notre persévérance dans le travail et l'abnégation, notre attachement à redoubler d'efforts et d'imagination créatrice, et notre dévouement dans la consécration de la paix sociale et la consolidation de nos traditions de dialogue et de consensus. En cela, nous comptons sur nos propres moyens, sur nos ressources humaines, ainsi que sur l'esprit de patriotisme élevé qui anime nos organisations professionnelles, nos entreprises économiques et nos travailleurs intellectuels et manuels, sur leur sens noble de la responsabilité, leur conscience profonde de l'importance de l'étape en cours, et leur volonté inébranlable de relever les défis et de gagner les paris, afin de garantir toutes les chances de réussite à notre œuvre de développement intégral, et de continuer d'aller de l'avant, avec détermination et aptitude, en étant confiants en notre présent et optimistes quant à l'avenir.»