Les voies et les moyens de promouvoir l'économie sociale en Tunisie ont fait l'objet, hier, d'un Colloque organisé au Centre international des technologies de l'environnement de Tunis (CITET), à l'initiative du Centre d'information, de formation, d'études et de documentation sur les associations '' IFEDA''. Le concept d'économie sociale couvre l'ensemble des activités menées dans le cadre des associations de développement, des mutuelles, des coopératives de services, des groupements interprofessionnels, et autres structures similaires, pour soutenir l'œuvre de développement économique et social, participer à l'amélioration des conditions de vie des citoyens, procurer de l'emploi et du travail, et autres actions du genre, à but non lucratif, et ce moyennant un régime spécial leur accordant toutes sortes de facilités et des avantages d'ordre fiscal et juridique.
La nécessaire modernisation du secteur Ancrées dans la vie de toutes les sociétés depuis très longtemps, sous diverses formes, les activités d'économie sociale ont connu en Tunisie, ces dernières années, un développement considérable sur le plan de la quantité et de la qualité, puisque la Banque tunisienne de solidarité ou encore le fonds de l'emploi et le fonds de solidarité nationale peuvent être considérés comme des structures d'économie sociale. Il existe, en outre, actuellement, en Tunisie, quelques 300 associations de développement ou de microfinance, habilitées à accorder des micro- crédits pour la réalisation de petits projets, et 48 mutuelles réparties entre 15 dans le secteur public, 20 dans les entreprises publiques et 13 mutuelles dans le secteur privé, fournissant des prestations au profit de 250 mille adhérents, en matière de couverture sociale, sanitaire et d'octroi de prêts personnels. Les structures interprofessionnels appelées '' groupements interprofessionnels'' et les coopératives de services, notamment les coopératives agricoles, sont aussi très actives en Tunisie dont l'économie tout entière était fondée, à la fin des années 1960, sur le système coopératif, rappelle-t-on. Cependant, comme l'a souligné Mr Abdelhakim Bouraoui, secrétaire général du gouvernement, à l'ouverture des travaux, le secteur de l'économie sociale en Tunisie peut mieux faire, appelant les associations en particulier à améliorer leur organisation et leurs méthodes de travail, en adoptant des modèles de gestion moderne à la mesure du rôle qui leur est imparti. A cet égard, grâce à certains mécanismes du fonds de l'emploi 21 /21, les associations peuvent contribuer à la promotion de l'emploi, en recrutant des employés et des diplômés pour les aider dans l'accomplissement de leurs missions. Près de 4000 diplômés de l'enseignement supérieur ont été recrutés ainsi par les associations dans le cadre du mécanisme 20 qui prévoit la prise en charge de 50% du salaire par le fonds signalé, alors que l'association prend en charge l'autre moitié. En France, il existe un million et 100 mille associations qui emploient près d'un million 800 mille personnes. Le cadre juridique des associations amélioré à plusieurs reprises reste régi par la loi de 7 novembre 1959, et nécessite des amendements pour moderniser l'action associative. Dernièrement, lors d'une rencontre à caractère économique, un opérateur économique exerçant dans le domaine de la publicité et de la communication, s'est plaint de la concurrence gratuite livrée par les associations sportives dans ce domaine. En effet, bien que le principe de base de l'économie sociale soit la primauté de l'homme et de l'emploi, par rapport à l'argent et au capital, les associations, les mutuelles et les structures similaires peuvent entreprendre des activités pour se procurer de l'argent et des fonds en vue de financer leurs services, mais dans certaines conditions, sinon elles deviennent des entreprises commerciales et perdent les avantages qui leur sont accordés. Les mutuelles peuvent brasser des milliards et exploiter des restaurants entiers au profit de leurs adhérents, uniquement. L'économie sociale devient donc très diversifiée et très complexe, exigeant une véritable modernisation et une restructuration adéquate pour demeurer fidèle à ses objectifs et idéaux de solidarité et de croissance partagée, sans aucune exclusion. C'est d'ailleurs le troisième colloque sur l'économie sociale qui se tient en Tunisie, au cours de ces deux dernières années. A cet égard, les interventions présentées lors de cette manifestation étaient très intéressantes mais elles sont restées un peu laconiques sur les mesures devant être prises pour moderniser le secteur, s'étalant davantage sur l'état des lieux. Une attention particulière devrait être portée à la mise en œuvre des recommandations.