Commentant la décision des autorités égyptiennes d'abattre les porcs élevés dans de mauvaises conditions pour éviter la propagation de la grippe A (H1 N1) ou grippe porcine, un spécialiste de l'histoire ancienne a souligné que les égyptiens devraient être les derniers à vouloir faire du mal aux porcs. En effet, a-t-il dit, les porcs étaient considérés comme sacrés, chez les premiers égyptiens, car dans l'ancienne civilisation pharaonique, le porc suscitait la répugnance en Egypte et les anciens égyptiens s'abstenaient de manger sa viande sous prétexte que le porc avait, un jour, révélé à des ennemis l'endroit où étaient cachés les anciens dieux égyptiens. Les Libyques, anciens habitants de l'Afrique du Nord, et ancêtres des Berbères, ne mangeaient pas non plus la viande du porc, ainsi que les Hébreux. Les musulmans ne mangent pas non plus la viande du porc.
L'homme, seul responsable Or, nous a dit ce spécialiste en histoire ancienne, contrairement aux idées répandues, les porcs suscitaient de la répugnance chez tous ces anciens peuples parce que les porcs étaient considérés, par leurs ancêtres, comme étant des animaux sacrés, de sorte que ces ancêtres s'abstenaient de leur faire du mal sous quelque forme que ce soit, comme se comportent les membres d'une même famille les uns à l'égard des autres. Le porc porte, encore, en Tunisie et dans la langue berbère un nom qui signifie '' allié '', '' proche '', '' domestique'' ( ilfe et hallouf). La situation du porc ressemblait, ainsi, à celle de beaucoup d'autres animaux considérés comme sacrés, tels que la vache et les singes en Inde. D'ailleurs, certaines communautés humaines s'abstiennent de manger la viande de tous les animaux et sont des végétariens, ne mangeant que les produits des végétaux. Mais l'homme moderne s'acharne, aujourd'hui, sur les animaux et les élève de façon intensive et n'importe comment pour se procurer leur viande et la manger avec un excès confinant à l'agressivité pure et simple, font remarquer certains citoyens interrogés à ce sujet. Après avoir exterminé les animaux sauvages, par les trappes et les armes, a fait remarquer l'un d'eux, l'homme moderne destine les animaux qu'il a réussi à domestiquer, à des usages serviles, en réservant quelques uns des plus doux et des plus innocents d'entre eux, comme les moutons, les chèvres, les vaches et les porcs, à l'assouvissement de son appétit insatiable de chair fraîche, et en les exposant, au passage, à toutes sortes de maladies, car il est établi que la cause première des grippes aviaire et porcine est la concentration et l'entassement des animaux élevés, c'est-à-dire les modes d'élevage. Mais, derrière cet élevage réside le désir de consommation effrénée qui a pris les sociétés modernes jusqu'à la dénaturation et la déformation illustrées par l'obésité, sans compter les maladies causées par ce régime alimentaire basé sur la viande. Aussi, l'homme moderne paie très cher la facture de cette dérive, a-t-il dit. Cependant, comme toujours, médecins, vétérinaires et scientifiques, en général, solidement intégrés au système, se contentent de remplir leur rôle de purs techniciens, note un interlocuteur ajoutant que c'est tout le modèle de société qui mérite d'être repensé. D'autant que ces épidémies à la pelle accompagnent souvent les crises économiques et sociales et se nourrissent, comme ces crises, des mauvaises conditions de vie. Ainsi, a-t-il souligné, les victimes sont toujours les faibles.