S'il est un mot, oserions-nous avancer, « à la mode » ces derniers jours et galvaudé par toutes les parties prenantes gravitant dans le giron de notre football, c'est incontestablement celui du CNAS qui détient largement le haut du pavé. Et d'aucun d'y aller de leurs appellations, de leurs prononciations souvent erronées de cet organisme en plus des prérogatives qu'ils lui collent et qui sont largement en dehors de ses attributions. Il ne pouvait en être autrement quand tous ceux qui ont débattu de la récente affaire de cette fameuse requête de l'Espérance Sportive de Tunis de retarder son match de la ronde ultime de l'exercice en cours, tous pratiquement ont omis de définir au préalable ce qu'est le CNAS. Laissant, du coup, libre cours à l'imagination fertile du tunisien de broder à satiété sur le sujet. Il faut rappeler que le statut du comité national olympique tunisien (CNOT) stipule notamment dans ses articles allant de 48 à 54 la création et l'organisation du comité national d'arbitrage sportif (CNAS) constituant donc la plus haute instance d'arbitrage national. Il a droit de regard sur tous les litiges sportifs pour peu qu'il en soit saisi. Ses décisions sont définitives et obligatoires à toutes les parties. Il représente donc le dernier recours à l'échelle nationale. Seulement trois (3) membres choisis parmi les quinze (15) désignés par les fédérations nationales y siègent pour étudier et trancher un épineux problème. Sa procédure est des plus réglementées et codifiées. Cependant, ses décisions en cas de contestations, peuvent être revues le cas échéant par le tribunal arbitral du sport (TAS) siégeant à Lausanne qui peut être saisi par athlètes, clubs, fédérations sportives, organisateurs de manifestations sportives, sponsors, etc. A signaler que le (TAS) est une institution indépendante mettant au service du sport international une organisation apte à trancher dans les litiges juridiques ayant un lien avec le sport dans des délais brefs et à moindre coût. 300 arbitres issus de 80 pays et triés sur le volet sont choisis pour leurs connaissances spécifiques de l'arbitrage et du droit du sport et y travaillent, traitant une moyenne de 200 dossiers par an. Et on a tous encore en mémoire cette nébuleuse affaire Maher Ameur (CA) à l'origine du litige ayant opposé le CSS à l'ESS pour l'octroi du titre national il y a 4 ans. Le dossier ayant échu à Lausanne, le (TAS) dut trancher en faveur des sudistes les déclarant champions de Tunisie au détriment des étoilés. Suite au refus de seulement 7 fédéraux présents lors de la dernière réunion du BF ( ?) pour étudier la requête présentée par l'Espérance quant au décalage de la dernière journée de 24h pour lui permettre de mieux respirer après son retour du Maroc et de tenter de mieux se préparer pour sa finale du championnat dans le derby explosif de la Tunisie, les « sang et or » ont saisi le CNAS. Ils ont justifié ce recours en s'appuyant sur l'article 26 des règlements généraux stipulant que toute équipe tunisienne disputant une finale continentale ou interarabe avait droit à une considération particulière de son planning. Une clause écrite en toutes lettres et ne demandant qu'à être appliquée sans autre forme de procès. Finalement, justice leur fut rendue par le (CNAS) ordonnant aux édiles fédéraux de reconsidérer leur position et de se conformer aux textes en vigueur. Pourquoi alors nos fédéraux avaient encouru ce désaveu prévisible de la part de cette instance suprême ? Ne savaient-ils pas pertinemment à l'avance que l'Espérance ne se croiserait pas les bras en se laissant conter sornette et saisirait de facto le CNAS ? Les membres fédéraux ou du moins certains d'entre eux, sont-ils là où ils sont pour défendre les intérêts de notre sport national ou pour être l'avocat du diable ne se souciant que de leurs couleurs et écuries ? Pareilles manœuvres cousues de fil blanc ne sont-elles pas de nature à mettre le feu aux poudres et à chauffer à blanc les inconditionnels des uns et des autres ? Ce décalage de 24h de la dernière journée ne risque-t-il pas de perturber la préparation et la concentration des différents intéressés ? Moult interrogations que nous avons posées aux juristes mais également aux techniciens et responsables directement impliqués dans l'affaire. Dossier :
Badine Tlemcani (EST) : Stricte application des textes. Tout le monde sait que nous nous sommes toujours conformés aux décisions nous concernant sans soulever la moindre polémique. Nos joueurs de par leur participation et leur implication dans de multiples joutes n'ont pratiquement pas trouvé le temps idoine pour souffler et le créneau propice pour s'octroyer ne serait-ce qu'un semblant de récupération avec un enchaînement de matches aussi importants les uns que les autres sans le moindre répit. Un rythme infernal, inhumain nous a été imposé mais nous avons assumé sans piper un soupçon de mot. En cette fin d'exercice, et qualifiés pour la finale de la champion's league, les textes nous autorisent automatiquement à retarder notre match du 12 mai. L'article 26 des règlements généraux est on ne peut plus explicite dans l'affaire. Mais nous avons été surpris par le refus inexplicable du BF de donner suite favorable à notre doléance. Attitude nous ayant contraints à solliciter le comité d'arbitrage qui en toute logique a accédé à notre demande. Un problème qui n'aurait jamais du se poser à mon sens si on avait pris soin auparavant d'appliquer les lois en vigueur, strictement les lois sans d'autres considérations.
Taoufik Zaâboub (ESS) : « Le calendrier doit être respcté par tout le monde » Je trouve franchement désolant que les choses arrivent à ce point. Une question qui aurait pu et du être résolue au niveau de la ligue et avec la compréhension et l'aval de tous. Pourquoi chercher l'escalade au point que le CNAS intervienne dans l'affaire ? Sans oublier les répercussions à venir sur les supporters de tous bords lors des journées à venir chaque clan se sentant défavorisé, lésé par ces décisions et contre décisions. L'année dernière nous avons souffert le martyr en jouant le CA à notre descente de l'avion. Nous avons été contraints de jouer durant une journée FIFA sans nos étrangers, et la liste est longue mais nous n'avions soufflé le moindre mot ! L'UMO débarquant de l'Algérie a reçu immédiatement l'Espérance. Je pense que le respect du calendrier doit être appliqué à tous sans exception. Mes joueurs se préparent dans la sérénité et ne roulent pour personne volet titre. Nous allons lutter vaillamment pour honorer notre maillot à Radès. Que l'Espérance soit sacrée ou le CA ne nous regarde nullement. Et nous féliciterons le champion nonobstant son nom car nous sommes une école de civisme.
Mahmoud Hammami (BF) : La résultante des positions tend vers l'objectivité Depuis la modification des règlements généraux de 2007, toutes les structures jouissent désormais de l'indépendance et de l'autonomie totales volet prises de position. Le CNAS étant la juridiction suprême au 3ème degré, le BF de ce fait est appelé à appliquer les résolutions qui lui sont dictées par cette instance supérieure sans les discuter, respect de la hiérarchie oblige. Lors de notre première réunion au BF pour examiner la requête de l'Espérance, et en application de la démocratie, chaque membre présent a exprimé son avis et sa position sur la question. Il est cependant un fait très important et que je voudrai si vous permettez souligner avec force, ces opinions ont été soutenues suivant les convictions profondes de mes collègues nonobstant leur appartenance à telle ou telle écurie et contrairement à ce qui a été colporté ça et là à ce sujet. Certes l'article 26 donne raison à l'Espérance, mais attention, il ne peut être considéré et avoir la valeur d'un barème ou d'un code disciplinaire à appliquer à la lettre sans être discuté. Il est stipulé que le BF est le seul « habilité » à modifier le calendrier dans le cas d'espèce. Une nuance très importante pour ce petit mot (habilité) ; du coup chaque membre est libre de cautionner ou pas le décalage de la journée toujours selon ses convictions. Mais je dis que la résultante des différentes positions tend toujours vers l'objectivité caractérisant notre approche des dossiers que nous traitons. Autre remarque, toute écurie locale disputant une compétition internationale et une finale qui plus est, représente le sport national et le pays et nous devons tous lui venir en aide et lui faciliter la tâche.
Ahmed Aloulou (FTF) : « Respecter nos structures » Nous nous devons tous de respecter nos structures en place et de nous plier à leurs décisions et résolutions. Le maintien de la date du 12 était motivé par le déplacement du CSS en Angola pour y jouer un match le samedi 9. Par ailleurs, une clause de nos règlements généraux stipule que les matches des dernières journées doivent impérativement se dérouler le même jour et à la même heure. Ceux qui prétendent que CSS-USMO est dénué d'enjeux sont dans l'erreur car la 5ème place est encore en balance entre Monastir et le ST. Nous aurions pu réussir la gageure de maintenir le calendrier sans la moindre modification. Nous avons tenu 25 journées, c'est pas mal. Mais il faudrait revoir à tête reposée certaines choses et parer aux failles déjà existantes. Nos règlements généraux sont à revoir et à bénéficier d'une profonde réflexion. Le CNAS à mon sens ne devrait pas être sollicité pour un problème mineur de désignation. De la sorte, on ouvre grandement la porte et pour un oui pour un non cette instance d'être sollicitée.
Mondher Mami (Pt ASM) : « Aucune incidence sur les miens » En équipe rompue à la discipline et au respect des décisions émanant de nos instances et sphères sportives, l'ASM se doit de se conformer au planning dicté. Pendant cette période cruciale de préparation de notre important match à Gafsa, j'ai tenu à soustraire mes protégés du tumulte et de l'indécision ayant plané en semaine quant à la date réelle de la dernière journée. Je les ai exhortés à ne se concentrer que sur leur travail, à appliquer les consignes de leur entraîneur si Khaled et à ne se soucier que des 90' de jeu qui leur restent à disputer en un véritable match de coupe chez l'adversaire. D'ailleurs, pour mieux nous acclimater, nous avons décidé de regagner le centre depuis la fin de la semaine dernière pour être fins prêts et nous acquitter comme il se doit de notre mission : le maintien.
Skander Kasri (Ent. E.N.O) : « Calendrier chambardé au gré des uns et des autres » Notre fédération a tenu cette saison à respecter toutes les dates initialement programmées du calendrier. Et elle a failli réussir dans son entreprise sans cette dernière journée qui a faussé les prévisions et souhaits du BF. Et c'est dommage car on aurait aimé que le calendrier ne soit plus chambardé au gré des uns et des autres. Une pratique instituée partout dans le monde où les clubs impliqués dans les différentes compétitions internationales savaient d'entrée à quoi s'en tenir et planifiaient leur travail de préparation en conséquence. Je pense sincèrement que 24h de plus pour souffler pour l'Espérance ne vont pas changer grand-chose à la donne pour ses joueurs rompus au rythme élevé de la compétition depuis belle lurette. Rappelez-vous leur récital à El Menzah devant les égyptiens, trois jours après avoir disputé le derby, et dans des conditions atmosphériques exécrables voire atroces. Les « sang et or » sont bien en jambes et hautement compétitifs et ce n'est pas une journée de repos de moins qui risque de leur nuire.
Lotfi Jbara (Entr. J.S) : « Dommage que les choses se soient arrivées là » Vous savez dans cette affaire l'Espérance n'a fait que demander l'application des textes. Et les règlements dans le cas d'espèce lui donnent parfaitement raison. Dommage que les choses en soient arrivées au point que le CNAS se saisisse du dossier et casse la date du 12 pour la décaler d'une journée. Un dossier brûlant et dont on s'en serait fort bien passé surtout en ces moments où toutes les passions sont exacerbées et les nerfs à fleur de peau. Pour mes poulains, l'affaire est bénéfique car ce report me permet d'avoir plus de temps pour peaufiner ma stratégie et arrêter mes plans dans l'attente du match de la saison que je dois livrer aux clubistes.
Mohamed Kouki (Entr. EGSG) : « Perturbant pour mes joueurs » Notre sport est régi par des structures bien en place et respectant scrupuleusement une hiérarchie bien codifiée. Mais on aurait pu à mon humble avis nous éviter les atermoiements de ces derniers jours si tout le monde avait appliqué ce que stipulaient les textes. Pourquoi ne pas donner d'emblée suite favorable au dossier de l'Espérance ,qui était dans son droit cela dit en passant, pour se voir par la suite et sur ordre d'une structure supérieure contraint de changer la date du 12 ? En cette fin de saison déjà explosive, pareille affaire ne fait qu'attiser les passions et mettre le public en transes. Le report ne me gêne nullement, mais l'indécision qui a plané quant à la date exacte du déroulement de cette dernière journée a fini par perturber la concentration de mes joueurs ne sachant plus comment doser leurs efforts et leur planning.
Khaled Ben Sassi (Entr. ASK) : « L'Espérance représente la Tunisie ; non ? » La demande de l'Espérance est des plus légitimes pour bénéficier d'un jour de récupération supplémentaire après son match au Maroc. N'oublions que les « sang et or » représentent en plus de leurs propres couleurs, le drapeau national. Donc normalement, ils doivent bénéficier de toute la sollicitude de tous pour qu'ils mènent à bien leur mission. Pareil pour tous les clubs locaux engagés à défendre le prestige du football tunisien. Mais malheureusement, certaines grosses écuries, le CA dans le cas d'espèce, d'appréhender la question différemment. Une finale de la champion's league est une source de fierté pour nous tous, toutes mouvances et appartenances confondues. Quand l'enjeu concerne le concert international, nous autres tunisiens sommes tous derrière notre représentant quel qu'il soit, point barre. La journée de plus est bénéfique pour nous. En stage depuis le 9, cela nous a permis une meilleure concentration. Cependant, permettez-moi de m'interroger sur le timing de la publication à quelques encablures d'un match aussi important pour la vie du club, la publication de la lourde sanction de deux (2) ans d'interdiction de banc à l'endroit du président de l'ASK. Un dossier traînant dans les tiroirs des instances décisionnelles depuis novembre 2008 et qui miraculeusement voit son épilogue en cette période précise ?
Abdelaziz Ben Abdallah (ex-Pt. CSS) : « Les Clubistes Sfaxiens, grands perdants dans l'affaire » Il est inconcevable qu'en cette délicate période de fin d'exercice, on s'amuse à chambarder le calendrier ne serait-ce d'un iota ! Des équipes s'échinant la saison durant soit pour le titre soit pour éviter le purgatoire et qui risquent de voir leur préparation perturbée par une décision surprenante du CNAS. Dans la foulée, le CSS est le grand perdant dans l'affaire. Appelé à disputer par la faute de ce décalage d'une journée un match contre l'USMO le mercredi tout en ayant l'esprit tourné vers l'Angola où il doit en découdre avec son représentant le samedi ! Vous voyez donc que les sudistes sont grandement perdants au change dans cette histoire quand on connaît les difficultés énormes endurées par nos équipes quand elles se rendent en Afrique volet correspondances aériennes, hôtellerie, accueil, logistique, etc.
