Le Temps-Agences - Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a fermement mis en garde hier la Corée du Nord contre la poursuite de ses activités nucléaires et a assuré que Washington était prêt à réagir si Pyongyang menaçait les Etats-Unis ou leurs alliés en Asie. "Nous n'accepterons pas une Corée du Nord dotée de l'arme atomique", et "nous ne resterons pas les bras croisés alors que la Corée du Nord se dote de la capacité de détruire n'importe quelle cible en Asie, ou nous-mêmes", a a-t-il affirmé lors d'une conférence régionale sur la sécurité à Singapour. De source américaine, Pyongyang pourrait se préparer à lancer un engin balistique à longue portée. M. Gates, qui adressait à Pyongyang ses mots les plus durs depuis son essai nucléaire de lundi, suivi de six tirs de missile de courte portée, a averti le régime communiste que Washington réagirait en cas de prolifération nucléaire. "Le transfert d'armement ou de matériel nucléaire par la Corée du Nord à des Etats ou des acteurs non-étatiques serait considéré comme une grave menace pour les Etats-Unis et leur alliés", a-t-il souligné. L'attitude belligérante de la Corée du Nord, qui a menacé mercredi d'attaquer la Corée du Sud, ne représente pas "pour l'instant" une menace militaire directe pour les Etats-Unis mais elle pourrait provoquer une course aux armements en Asie, a encore prévenu le chef du Pentagone. Washington, Tokyo et Séoul se sont mis d'accord hier pour élaborer "une réponse commune", au cours d'une réunion tripartite de leurs ministres de la Défense, a déclaré à la presse le sud-coréen Lee Sang-Hee, à la sortie d'une rencontre de près d'une heure avec ses homologues américain Robert Gates et japonais, Yasukazu Hamada. Selon un membre de la délégation américaine, les ministres ont conclu que "les négociations à six restent le véhicule principal" pour régler le problème. "Mais en même temps nous devons penser à ce que nous pouvons faire de plus pour faire pression (sur Pyongyang) et pour préparer nos propres défenses" en cas d'échec des efforts diplomatiques. Les Etats-Unis, la Chine, le Japon, la Russie et la Corée du Sud participaient aux négociations à six avec la Corée du Nord sur la dénucléarisation de Pyongyang jusqu'à ce que le régime nord-coréen se retire des pourparlers en avril. M. Gates exclut toutefois pour l'heure de renforcer la présence militaire américaine en Corée du Sud, où sont stationnés 28.000 GI's, et a répété hier privilégier la voie diplomatique. L'ONU étudiait une possible résolution sanctionnant la Corée du Nord, malgré la menace de Pyongyang d'y répondre par des mesures de "légitime défense". A Singapour, un haut responsable militaire chinois a appelé la communauté internationale au calme. "La péninsule coréenne devrait se diriger vers la dénucléarisation et nous espérons que toutes les parties concernées garderont la tête froide et répondront de manière mesurée au problème", a déclaré Ma Xiaotian, vice-chef d'état-major général de l'armée chinoise. M. Gates avait auparavant jugé "essentiel pour les Etats-Unis et la Chine de trouver des opportunités de coopérer à chaque fois que cela est possible", alors que Pékin est considéré comme l'acteur le plus influent auprès de Pyongyang.