L'histoire de ce couple commence par un mariage heureux, malgré les moyens modestes tant de l'épouse que du mari. Celui-ci travaillait occasionnellement et n'avait pas en tous les cas de ressources fixes. Il arrivait difficilement à joindre les deux bouts, mais il pouvait s'en sortir, tant bien que mal, sa femme n'hésitant pas à l'aider par le peut dont elle est capable. Les premières années de mariage, ils s'entendaient à merveille, d'autant plus que les parents n'hésitaient pas de leur côté d'aider leur fils par de petits subsides. Le premier enfant, puis le second, vinrent égayer le foyer. En effet, il n'y a pas mieux que les enfants pour mettre de l'ambiance dans une famille. Mais les charges devinrent de plus en plus lourdes, et même avec les aides que lui octroyait ses parents, le jeune mari n'arrivait pas à s'en sortir. Son épouse devint de plus en plus irritée, et son attitude changea peu à peu envers son mari. Mais lui reprochait-elle son indigence, ce qui serait dénué de toute logique ? En fait, elle lui en voulait pour deux choses :il ne faisait aucun effort pour chercher du travail, et ne savait pas gérer l'argent qu'il pouvait recevoir de ses parents ou de moult petits boulots qu'il pouvait dénicher de temps à autre. La dernière fois où il a trouvé du travail c'était quelques jours, avant le drame. Il a pu gagner la somme de cent dinars. Ce qui était considérable par rapport aux jours de vaches maigres où il n'avait même pas rêvé de la moitié de cette somme. Mais son épouse savait qu'il allait la dilapider et le pria instamment de la lui donner. Le mari lui opposa un refus net.D'où l'origine du désaccord qui tourna au drame. L'épouse insistant lourdement revint à la charge quelques minutes plus tard. Le mari ne changea pas d'un iota. Bien plus il lui tint le langage du macho qui ne voulait pas d'une femme s'immisçant dans le domaine réservé uniquement au chef de famille, à savoir le mari, tenu également, il faut le dire, de subvenir aux besoins de son épouse, et c'était justement l'objet de la demande de son épouse, qui avait peur que les 100 dinars soient dépensés dans des futilités. Le mari persistant de plus en plus bon dans sa position, suscita la colère de cette épouse qui décida coûte que coûte de lui enlever les 100 dinars. Elle le poursuivit jusqu'à la rue, et lui présenta la même demande. Que nenni !lui répondit-il sèchement. Alors ,ne voyant plus que rouge, la jeune femme le surprit par un coup de couteau en plein cœur. Constatant qu'il était inanimé, gisant dans son sang sur la voie publique, elle prit la fuite, sans essayer de secourir le père de ses deux enfants, après avoir jeté le couteau loin du lieu du crime. Alertés, les agents de la brigade criminelle, se dépêchèrent sur les lieux, pour constater que la victime n'était plus qu'un corps sans vie. Arrêtée, l'épouse déclara tout au long des étapes de la procédure qu'elle n'avait pas du tout l'intention de tuer son mari, mais qu'elle avait agi sous l'emprise de la colère. Inculpé d'homicide volontaire, elle fut mise sous mandat de dépôt et la chambre d'accusation a confirmé la décision d'inculpation prise par le juge d'instruction dans son procès verbal de clôture. Le dossier a été transmis à la chambre criminelle près le tribunal de première instance de Grombalia, devant laquelle comparaîtra bientôt l'accusée.