Le crépitement assourdissant des tam-tam retentit depuis le Nigeria et parvient déjà jusqu'à nos oreilles. Tétanisés, en transe même, les Nigérians déploient leur bruit de botte et leurs slogans guerriers. A Lagos, les manchettes éhontées des journaux appellent à " la mobilisation générale ", à " défaire l'ennemi tunisien ". Du coup, nous apprenons que le match de samedi prend des proportions de " vie ou de mort ". Des charters sont déjà " braqués " sur Tunis. La délégation comportera un conseiller du président de la République nigériane et pas moins de cinq ministres. L'armada plus qu'au complet donc, histoire d' étoffer une équipe nigériane très forte avec, entre autres, Obina (joueur de l'Inter de Milan) et les autres : Nkono, Martins, Michael etc... Devons-nous nous laisser impressionner ? Sur le papier, les Nigérians sont, peut-être, supérieurs au niveau de quelques individualités, mais sur le plan collectif et défensif, nos arguments se défendent. Sauf que la réalité du terrain reste relative. Ce genre de rencontres se joue sur les gradins. Le public nigérian est, épidermiquement, porté à l'hystérie. A Radès, ils seront, particulièrement, bruyants. Et alors, c'est au public tunisien de répondre. Comme dans les nuits magiques de la CAN 2004 là où tout nous réussissait et même le meilleur. Nous n'avons pas vocation ici, à lancer des appels au public. Les Tunisiens n'ont de leçon de patriotisme à recevoir de personne. Mais, samedi prochain, particulièrement, vibrons à l'unisson. Encourageons sans relâche les joueurs qui craignent plus le public de Radès que l'adversaire. Et, comme d'habitude, " Belhassen Chedly " sera de la fête, lui aussi. Raouf KHALSI
• PS : C'est en 77, que les Nigérians ont commencé à nous traiter comme des ennemis en football. Après l'aller (0-0), à Tunis, l'équipe de Chetali réussissait l'exploit à Lagos (1-0), grâce à un but marqué contre son camp par le n°6 nigérian Odiyé sur centrage de Laâbidi. A la veille à l'Ekoye Hotel, on nous avait rendu la vie dure. Après la victoire, nous restâmes cloîtrés au stade pour au moins trois heures. Feu Néjib Khattab, mon compagnon de chambre, parla alors, de " paysage d'Apocalypse ".