Le Temps-Agences - Les dirigeants de l'UE se sont retrouvés hier pour soutenir un second mandat de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne et donner aux Irlandais les assurances nécessaires pour qu'ils disent "oui" au traité de Lisbonne lors d'un nouveau référendum. Les 27 dirigeants européens devaient prendre par ailleurs hier des engagements pour renforcer la supervision du secteur financier, face à la crise, limités toutefois par des résistances britanniques. Les chefs d'Etat et de gouvernement, qui se devaient se réunir à partir de 17H00 (16H00 HT), ont dit qu'ils étaient prêts à apporter leur "soutien politique" pour un second mandat à la tête de l'influente Commission de M. Barroso, dont la famille politique conservatrice a remporté les élections européennes. Même si l'ex-Premier ministre portugais est critiqué pour sa réaction tardive à la crise économique ou trop de docilité face aux poids-lourds de l'UE, il est le seul candidat déclaré. Il incarne aussi l'expérience et la stabilité face à la crise économique. M. Barroso, 53 ans, a par ailleurs accepté de se plier aux exigences posées par le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel: il devait présenter bien hier soir un "programme" pour un second mandat, en insistant sur la "protection" des intérêts européens et une Europe "politique", capable d'agir, comme le voulait M. Sarkozy. Le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, qui prendra la présidence de l'UE le 1er juillet, a prôné juste avant le sommet une reconduction rapide de M. Barroso car "nous avons besoin d'une direction européenne capable d'agir contre le changement climatique et la crise financière". Une position apparemment partagée par nombre de ses partenaires de l'UE. La chancelière allemande Angela Merkel a aussi estimé "important que l'Europe soit à nouveau rapidement capable d'agir". Mais elle a ajouté qu'il fallait "maintenant régler avec le Parlement les questions en suspens". Car la grande incertitude pour M. Barroso vient du nouvel hémicycle. Martin Schulz, chef de file des socialistes, et Daniel-Cohn Bendit, côté Verts, s'opposent à une confirmation de M. Barroso dès la mi-juillet, comme espéré par le Portugais, et veulent attendre l'automne. Avec l'espoir pour les écologistes de voir émerger une candidature alternative. Leurs arguments sont aussi juridiques: ils ne veulent pas confirmer M. Barroso tant qu'on ne saura pas si le traité de Lisbonne -censé rendre l'UE plus efficace en réformant notamment la Commission -est approuvé par référendum en Irlande. Le traité, qui ne peut entrer en vigueur que s'il est ratifié dans les 27 pays de l'UE, avait été rejeté par les Irlandais lors d'un référendum en juin 2008. Pour obtenir un "oui" lors d'un second référendum attendu en septembre ou octobre, les dirigeants de l'UE vont assurer aux Irlandais, dans un document juridiquement contraignant qui doit être adopté au sommet, qu'il n'affectera ni leur neutralité militaire, ni leur interdiction de l'avortement ni le régime fiscal qui faisait la prospérité de l'Irlande jusqu'à la crise financière. Le Premier ministre irlandais Brian Cowen s'est montré confiant hier que ces garanties seraient validées. Son secrétaire d'Etat, Dick Roche, a estimé qu'elles permettraient d'obtenir "un oui massif" au futur référendum, dont la date pourrait être fixée peu après le sommet. Les 27 ne devraient cependant pas s'engager à ratifier ces "garanties". Afin d'éviter de rouvrir un débat sur ce traité en Grande-Bretagne, où l'affaiblissement de Gordon Brown favorise les eurosceptiques, et en République tchèque, où le président Vaclav Klaus est à l'affût de tout argument qui conforterait son hostilité à ce traité.