Le rapport du Bureau International de l'Emploi (BIT) prévoit que pour la fin de l'année en cours, 30 à 50 millions de chômeurs additionnels s'ajouteront au nombre des inactifs déjà enregistré en 2007. Le même rapport intitulé : « Tendances mondiales de l'emploi » prévoit également que 200 millions de travailleurs pourraient sombrer dans l'extrême pauvreté à cause de la crise mondiale. Les suppressions d'emplois, les licenciements abusifs et le chômage technique ne font que croître pour engloutir de plus en plus de plus en plus les marchés d'emplois des pays industrialisés ainsi que ceux des pays en développement. Pour faire face à ce fléau et endiguer le nombre additionnel de chômeurs, une nouvelle politique de travail voit le jour dans de nombreux pays dont le Danmark. Il s'agit de la « flexicurité ». Cette nouvelle forme d'organisation de travail qui n'est autre que la « flexicurité » peut-elle s'adapter pour la Tunisie ? Lancée aux Pays-bas en 1999, la flexicurité en tant que nouvelle organisation de travail est définie comme : « une contraction des termes flexibilité et sécurité. Sur le marché de travail, elle revêt trois caractéristiques : La souplesse pour embaucher et licencier, un système d'Etat providence qui offre sécurité de revenus et soins de santé et une politique active de l'emploi »*. C'est un terme composite qui joint sécurité et flexibilité et un système social qui suppose une très grande flexibilité d'embauche et de licenciement pour les employeurs avec une marge très importante de sécurité pour les employés. Nombreux sont les pays qui envisagent actuellement la mise e place de ce modèle pour pouvoir s'adapter à cette période de crise. Le Danmark a emprunté ce modèle de travail en 1999 qui sous entend : une grande flexibilité du marché de travail, un système d'indemnisation généreux et des politiques actives de l'emploi. Le modèle danois de flexicurité repose sur une centralisation des organismes de l'emploi, un code de travail souple, un licenciement très facile pour les en entreprises, une prise en charge des salariés par l'Etat en cas de chômage dans des conditions avantageuses et des fortes incitations à reprendre un emploi pour le chômeur et un dialogue social développé entre les syndicats et le patronat. En France et même si certains économistes restent sceptiques sur le sujet, l'éventualité de la mise en place du modèle de flexicurité est mise sur la table des discussions. La question qu'on se pose est la suivante : ce modèle de travail peut-il être transposé sur le marché du travail tunisien et auquel cas patronat et organisations pourraient-ils s'acclimater aisément?. Toutefois le marché de travail tunisien ne paraît pas a priori répondre aux conditions et caractéristiques de développement de la « flexicurité ». Le taux de chômage en Tunisie demeure très élevé avoisinant les 14% alors qu'au Danemark, il n'a pas dépassé les 2,6% en 2009. Les mécanismes sociaux ne sont pas aussi développés qu'en Europe, où le chômeur est pris en charge par l'Etat. Autre entrave à la mise en place du modèle de « flexicurité » consiste en la formation professionnelle qui reste insuffisante en Tunisie et ce, malgré la multiplication des centres de formation et l'encouragement continu à la formation professionnelle. Par ailleurs, le système d'indemnisation qui assure une sécurité sociale maximale pour les employés fait défaut en Tunisie et ce, en raison de la taille des entreprises et des spécificités de la PME tunisienne qui sont dans l'incapacité d'assurer la sécurité requise pour l'employé post-chômage. En Tunisie et pour contrer les effets indésirables de la crise, et pour ne pas dépasser le niveau de chômage actuel, près de 80.000 emplois doivent être créés. Des mécanismes de soutien aux entreprises en difficulté ont été mis en place sur fond de crise. A ce titre la Chambre des Députés a approuvé mardi dernier un projet de loi portant sur l'extension de la mesure de prise en charge par l'Etat d'une partie de la contribution patronale au régime de sécurité sociale, durant la période de réduction de l'horaire de travail, en raison du ralentissement de l'activité de l'entreprise et de toute la contribution pour les ouvriers mis au chômage technique, aux entreprises partiellement exportatrices. Yosr GUERFEL AKKARI