Le Temps-Agences - L'escalade continue entre les autorités du Honduras, qui disent ne "rien avoir à négocier" après avoir destitué Manuel Zelaya et suspendu plusieurs libertés constitutionnelles, et la communauté internationale qui a accentué sa pression pour le rétablissement du président dans ses fonctions. A l'Organisation des Etats américains (OEA) qui a menacé mercredi d'exclure le Honduras si le président Zelaya n'était pas rétabli "dans les 72 heures", le chef de l'Etat par intérim, Roberto Micheletti, a répondu qu'il n'avait "rien à négocier". Confirmant que M. Zelaya serait arrêté "immédiatement" s'il revient au pays, ce qu'il a prévu de faire dimanche, M. Micheletti a fait approuver, par le Congrès, la suspension de plusieurs libertés constitutionnelles pendant le couvre-feu prolongé jusqu'à la fin de la semaine. Sont notamment concernées, la limitation de la durée d'emprisonnement sans jugement, la liberté d'association et de réunion, la liberté de mouvement ou de sortie du territoire. Plusieurs alliés politiques de M. Zelaya auraient déjà quitté le pays, a-t-on indiqué dans les milieux diplomatiques. Tous les pays de l'Union européenne ayant un ambassadeur à Tegucigalpa (Allemagne, Italie, France, Espagne) ainsi que la Commission européenne ont décidé de rappeler leur représentant après la destitution de M. Zelaya, a annoncé mercredi soir le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos. Les pays d'Amérique centrale et les gouvernements de gauche de la région, comme le Venezuela, Cuba, l'Equateur, la Bolivie, le Nicaragua ou la Colombie ont annoncé une mesure similaire. L'impact économique de l'isolement s'aggrave, bien au-delà des vols commerciaux supprimés en raison du couvre-feu. La Banque mondiale a confirmé le gel de ses lignes de crédit, sur lesquelles 270 millions de dollars restaient à verser. Et la Banque interaméricaine de développement (BID) l'a imitée en attendant un éclaircissement de la situation. Face à cette mise à l'écart, les autorités à Tegucigalpa vont entreprendre une "campagne" internationale d'explication de ce qu'elles qualifient de "succession constitutionnelle", a annoncé mercredi le ministre des Affaires étrangères du gouvernement d'intérim. Et elles ont lancé mercredi un "dialogue national" ouvert à tous et à "toutes les composantes politiques, y compris celles qui ont participé à l'administration de M. Zelaya". Partisans des deux camps ont annoncé qu'ils continueraient de manifester, comme ils le font depuis dimanche, dès l'expulsion de M. Zelaya. Mercredi, des partisans de M. Micheletti ont organisé une "veillée pacifique" devant la délégation des Nations unies, qui ont condamné le "coup d'Etat" et exigé le rétablissement de M. Zelaya à la présidence. Des manifestants pro-Zelaya sont allés en cortège jusqu'au siège local de l'OEA, pour la remercier de son soutien. Depuis le Panama, M. Zelaya a appelé ses compatriotes à "garder leur calme" tout en les exhortant à ne pas obéir à un "gouvernement usurpateur", dans une brève déclaration à une radio. Au pouvoir depuis 2006, M. Zelaya a été destitué -- après avoir été arrêté par des militaires et expulsé du pays -- pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire ouvrant la voie à une possible réélection, un scrutin jugé illégal par la Cour suprême. Le virage à gauche de ce magnat de l'industrie forestière, après son élection fin 2005 sous l'étiquette libérale, avait hérissé une partie de la société hondurienne conservatrice, jusqu'à l'intérieur de son parti.