Le Temps -Agences - L'hypothèse d'une convocation de Jacques Chirac par la justice après son départ de l'Elysée, ouverte depuis 2002, a resurgi hier dans des informations de presse mais aucune décision n'a été prise formellement. L'International Herald Tribune écrit que cette convocation par un magistrat de Nanterre (Hauts-de-Seine) est "extrêmement probable" pour l'après-élection, citant deux juges que le journal, édité à Paris, n'identifie pas. De telles confidences techniques de magistrats intéressés de près ou de loin par les procédures visant le président sont monnaie courante, dit-on dans les milieux judiciaires, mais n'impliquent pas qu'une décision sera prise le jour venu. L'hypothèse d'une audition est ouverte techniquement depuis décembre 2002. Le dossier, ouvert à Nanterre à cette date et placée en attente pour cause d'immunité présidentielle, visait spécifiquement des éléments imputables à Jacques Chirac. Au parquet de Nanterre et de source autorisée, on expliquait hier qu'aucune convocation n'a été adressée au président de la République et qu'aucun document officiel de justice ne concerne à ce jour cette hypothèse. Au palais de l'Elysée, on dit dans son entourage que "s'agissant des informations, au demeurant non sourcées, citées par le Herald Tribune, cela n'appelle aucun commentaire." Invité à réagir à l'information selon laquelle Jacques Chirac serait convoqué, avant le démenti du parquet, François Bayrou a déclaré aux journalistes : "Tout président de la République au sortir de sa fonction devient un Français comme les autres devant la justice." "Ce n'est pas quelque chose d'agréable d'imaginer qu'un chef de l'Etat va avoir à vivre cette épreuve et, en même temps, ça veut dire que la justice est indépendante", a ajouté le candidat centriste à la présidentielle avant de tenir un meeting à Nice. Jacques Chirac devrait signer sous peu le décret de nomination du juge Philippe Courroye, supposé proche du pouvoir actuel et choisi par le ministère contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature. L'information judiciaire en question, ouverte pour "prise illégale d'intérêt et recel d'abus de biens sociaux", vise la rémunération frauduleuse par la Ville de Paris de cadres du RPR. Cette affaire a valu à Alain Juppé une peine en appel de 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité en décembre 2004. Deux documents versés au dossier visent le président. Le premier est une lettre d'Alain Juppé à Jacques Chirac du 25 mai 1990 demandant la promotion d'un salarié de la ville, Philippe Martel, qui aurait travaillé pour le RPR. "Il faut que cet excellent garçon ne soit pas pénalisé", écrit Jacques Chirac en marge de cette lettre. Le second document est une lettre de Jacques Chirac datée du 16 décembre 1993 où il demande la promotion d'une salariée de la ville entre 1983 et 1994, Madeleine Farard, qui a reconnu durant l'enquête avoir travaillé exclusivement pour le parti gaulliste. Le dossier n'est pas le seul où le président est menacé d'audition ou de poursuites. Un autre dossier en cours à Paris vise une quarantaine d'emplois présumés fictifs accordés à des personnalités RPR ou leurs proches au cabinet du maire de Paris. Quatre directeurs de cabinet successifs de Jacques Chirac à l'Hôtel de Ville de Paris entre 1983 et 1995 - Robert Pandraud, Daniel Naftalski, Michel Roussin et Rémy Chardon - y sont déjà mis en examen pour "détournement de fonds publics".