Le rideau est tombé, hier, sur cette première africaine qu'est la Conférence des ministres des Finances et de l'Education qui s'est penchée sur les moyens de « soutenir la dynamique éducative et économique dans le contexte de la crise financière mondiale ». La réflexion engagée l'a été à partir du postulat que les retours sur investissement dans l'éducation ne sont pas immédiatement visibles. La tentation est dès lors grande pour les pouvoirs publics de transférer les prévisions budgétaires de l'éducation vers d'autres secteurs de l'économie, surtout en ces temps de crise économique et financière. Or, ce n'est pas en période de récession économique qu'il faut réduire les dépenses dans l'éducation. Au contraire, il y a impérativement lieu d'accroître les investissements dans les ressources humaines afin de soutenir les initiatives de réduction de la pauvreté et de stimuler la croissance économique. Tel est en somme le message ou plus précisément la mise en garde lancée par la Conférence de Tunis. Et la tâche primordiale incombe aux ministères africains de l'Education qui auront la mission difficile de convaincre ceux des Finances de l'importance d'investir dans l'éducation en vue d'un développement économique mais aussi plus globalement d'un développement social. Vaste chantier au vu des moyens limités actuellement disponibles et qui ont tendance à s'amenuiser à vue d'œil à mesure que se prolonge la crise économique et financière mondiale et que les pays traditionnellement donateurs traînent les pieds pour cause affichée de turbulences économiques et de récession. Mais il sera encore plus important de veiller à ce que les ressources existantes soient gérées de façon efficace et efficiente , ce qui signifie qu'il va falloir renforcer la gouvernance de l'éducation et améliorer la gestion et l'utilisation des fonds actuellement disponibles et alloués à l'éducation , y compris l'efficacité de l'aide ainsi que l'établissement de partenariats plus efficaces . NE PAS DESINVESTIR Le risque inhérent à pareille perspective est d'autant plus présent que les inquiétudes grandissent de voir la priorité donnée à l'accès et à la qualité de l'éducation flancher alors que les pouvoirs publics font déjà face au chômage, aux pertes des recettes fiscales et d'exportation et au déclin des financements des bailleurs de fonds. D'autant que les financements au titre de l'aide internationale ainsi que les transferts de fonds de la diaspora africaine seront très vraisemblablement touchés par la récession mondiale. L'urgence absolue pour les pays africains est dès lors de ne pas commencer à désinvestir dans l'éducation pour amortir les répercussions de la crise internationale. Toutefois, les investissements en capital matériel peuvent être accélérés une fois mise en place une recette propice au développement du capital humain et à la stabilité politique.