Le Temps-Agences- Un gouvernement palestinien d'union regroupant les deux principaux partis, le Fatah et le Hamas, qui s'efforcera de briser un embargo occidental asphyxiant, a prêté serment hier après avoir été confortablement investi par le Parlement. Au cours de la séance d'investiture, le président palestinien et chef du Fatah Mahmoud Abbas a tendu la main à Israël pour faire la paix alors que le Premier ministre issu du mouvement islamiste Hamas, Ismaïl Haniyeh, a réitéré le droit des Palestiniens à la résistance tout en promettant d'œuvrer en vue d'instaurer une trêve dans les violences. Campant sur ses positions, Israël, qui considère le Hamas comme une organisation terroriste, a fait savoir qu'il boycotterait le nouveau gouvernement comme il l'avait fait avec le précédent cabinet contrôlé par les islamistes. "Nous répétons que nous rejetons la violence sous toutes ses formes et que nous recherchons un règlement s'appuyant sur la légitimité internationale, à travers des négociations que nous sommes prêts à reprendre pour parvenir à une paix juste", a déclaré M. Abbas devant le Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) réuni à Gaza et Ramallah en séance reliée par vidéoconférence. Il s'est dit prêt à "s'engager sur la voie d'une paix juste en reprenant les négociations sans conditions" entre l'OLP et le gouvernement israélien. MM. Abbas et Haniyeh ont appelé à la fin de l'isolement international. "Nous nous attendons à ce qu'ils (les pays du monde) prennent des mesures concrètes pour lever l'embargo imposé à notre peuple et faire pression sur les autorités de l'occupation afin qu'elles fassent de même", a dit M. Haniyeh dans son allocution. Dans un apparent souci d'apaiser l'Occident, il a affirmé que son gouvernement œuvrerait à la "création d'un Etat palestinien indépendant, jouissant d'une pleine souveraineté sur les territoires occupés en 1967", sans toutefois parler du droit d'Iraël à l'existence aux côtés de cet Etat. Il a répété que son gouvernement "respecte les résolutions de la légitimité internationale et les accords signés par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)". Mais il a aussi fait valoir que la "résistance sous toutes ses formes" était un "droit légitime" du peuple palestinien, mais que son cabinet tenterait de "consolider et élargir" une fragile trêve israélo-palestinienne en vigueur depuis novembre dans la bande de Gaza. Après les allocutions et un débat sur le programme du nouveau cabinet, 83 députés ont accordé leur confiance au gouvernement alors que trois ont voté contre. En tout, 86 élus ont participé à ce vote historique sur un total de 132, plus de 40 députés étant détenus par Israël. Les 25 ministres du cabinet, le 11ème depuis la mise en place de l'Autorité palestinienne, ont ensuite prêté serment devant M. Abbas. Israël a immédiatement fait savoir par la voix de la porte-parole de la présidence du Conseil Miri Eisin qu'il "ne reconnaîtra pas et ne travaillera pas avec ce nouveau gouvernement ni avec aucun de ses membres". Elle a souligné que ce cabinet "ne reconnaît explicitement ni l'Etat d'Israël, ni les accords signés avec lui par les Palestiniens", et n'a pas non plus renoncé à la violence comme l'y engage la communauté internationale. Le Quartette (ONU, Russie, USA, UE) exige du gouvernement palestinien de se plier à ces conditions pour lever son boycott politique et financier en place depuis l'arrivée du Hamas à la tête du précédent cabinet en mars 2006. Si ce groupement international n'avait pas réagi hier soir à la plateforme du nouveau cabinet, la Norvège, qui ne fait pas partie de l'UE, a d'ores et déjà fait savoir qu'elle normaliserait ses relations politiques et économiques avec lui.