* Plainte formulée par des opérateurs libyens * Pot aux roses découvert dans une Chambre de Commerce en Tunisie La Libye est le premier partenaire commercial de la Tunisie au niveau arabe et le cinquième au niveau mondial. Le partenariat avec la Libye est même plus profitable à plus d'un titre que celui avec les partenaires européens (France, Italie, Espagne, etc.). La Libye est donc un marché à forte potentialité pour les entreprises tunisiennes, elles y exportent toute sorte de marchandises. Mais cette configuration des rapports économiques a abouti à des opérations de falsifications de certificats d'origine. Plus de 560 opérations de falsification de certificats d'origine ont été découvertes en 2006. Nous avions publié l'information sur nos colonnes nous référant à un article paru sur un quotidien libyen. Et nous avons été accueillis par la Direction Générale des Douanes qui nous a éclairés sur les différents aspects de cette affaire. L'affaire que le quotidien libyen " Al Jamahiriya " a reproduit sur ses colonnes récemment date de l'année 2006, lorsqu'elle a été découverte. La Douane tunisienne a, en l'occurrence, mené une enquête suite à des réclamations portées par des opérateurs libyens. Ces derniers s'étaient retrouvés face à une concurrence déloyale sur leur marché local, ont eu des doutes quant aux certificats d'origine des produits concurrents. Les agents de la douane ont fini par découvrir le pot aux roses et ont pu piéger le coupable qui n'est autre qu'un responsable de l'une des chambres de commerce de la Tunisie. Il a agi dans l'intérêt de certains importateurs libyens, le responsable a agi au début avec la complicité d'un autre agent tunisien. Le colonel Lotfi Ayadi nous précise que le nombre des 560 est plutôt infime par rapport au nombre total des certificats d'origine délivrés en l'espace d'un an qui frôle en moyenne les 20000 certificats. Par ailleurs, le colonel Yousef Abdesalam nous a confirmé que le but derrière toute l'affaire est de profiter dans un premier temps de l'exonération d'imposition tarifaire sur des marchandises d'origine tunisienne dans le cadre des accords bilatéraux entre la Libye et la Tunisie et, dans un deuxième temps, d'écouler la marchandise sur le marché libyen avec une origine étrangère à des prix plus élevés mais surtout parce que le consommateur libyen préfère consommer des produits étrangers principalement européens plutôt que tunisiens. Le Directeur Général des Douanes, M. Sliman Ourak nous a rappelé l'importance des échanges commerciaux entre les deux pays au bénéfice de la croissance de la Tunisie. Les entreprises exportatrices trouvent dans le marché libyen un déboucher substantiel indispensable à la croissance de leur activité, aux exportations tunisiennes et par ricochet à la balance commerciale. En outre, de plus en plus d'entreprises tunisiennes s'installent sur le territoire libyen vu l'importance de la demande tous secteurs confondus. M. Sliman Ourak nous a confié que, récemment, malgré une baisse de l'offre du ciment au niveau des entreprises tunisiennes, elles ont continué à en exporter vers la Libye dans le respect des engagements de la Tunisie, surtout qu'il s'agit de constructeurs tunisiens qui en utilisent dans leurs travaux sur le territoire libyen. Par ailleurs, plusieurs projets sont en cours en partenariat entre la Tunisie et la Libye, ayant trait à plusieurs secteurs économiques ou autres, notamment un poste de douane commun à la frontière. Rappelons que la Libye est l'un des plus gros investisseurs étrangers en Tunisie avec 230 millions de dollars. Cela dit, on voit bien que la Douane tunisienne fait convenablement son travail et qu'elle veille au grain. Une question mérite quand même d'être soulevée : les Chambres de Commerce, ont-elles les moyens d'éviter que ce genre de malversations ne se produisent ? Un contrôle préventif est nécessaire. Le ministère du Commerce s'y met. Peut-il tout faire, seul ? Signalons pour finir que le suspect est aux arrêts et que l'affaire n'a pas encore jugée.