Wilhelm Karl Staudacher, secrétaire général de Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS), a séjourné du 18 au 20 mars dans notre pays où il a participé à la conférence internationale organisée par sa fondation sur le thème: «Vers une région euro-méditerranéenne pleine de chances: zone Euromed de libre échange 2010 et stratégie commune de migration», qui s'est tenue les 18 et 19 mars, dans un hôtel de Gammarth, avec la participation du président du parlement européen, l'Allemand Hans-Gert Poettering, du vice-président de la Chambre des députés, le Tunisien Afif Chiboub, du vice-président du Groupe EPP-ED (Groupe du Parti Populaire Européen et Démocrates européens) au Parlement Européen, l'Italien Vito Bonsignore, et de nombreux parlementaires du nord et du sud de la Méditerranée (voir ''Le Temps'' du 20 mars 2007). M. Staudacher a profité de son séjour parmi nous pour présider, dimanche soir, dans le même hôtel, une cérémonie officielle organisée à l'occasion du 25ème anniversaire de l'établissement d'un bureau de la KAS en Tunisie. Outre Dr Hardy Ostry, son représentant régional, étaient aussi présents les représentants des institutions tunisiennes ayant bénéficié des soutiens financiers de la KAS, comme l'UTICA (centrale patronale), l'Institut de presse et des sciences de l'information (IPSI), l'Université Ezzitouna, l'Institut arabe des droits de l'homme (IADH), la Fondation Abdeljélil Témimi... Ces derniers ont témoigné, à cette occasion, de l'apport précieux de la KAS à la mise en place et au développement de leurs programmes respectifs. Entretien...
Le Temps : Quel bilan faites-vous des 25 ans d'activités de votre fondation en Tunisie, surtout par rapport à ses objectifs de départ: contribuer au renforcement de la démocratie et de l'Etat de droit, l'établissement d'une économie social de marché, l'approfondissement du dialogue euro-méditerranéen et la promotion du dialogue des religions et des cultures ? M. Wilhelm Karl Staudacher : On ne peut pas mesurer exactement l'effet du travail de la fondation dans tel pays ou telle région. Mais je peux affirmer, concernant la Tunisie, que le bilan est globalement positif. Car nous avons contribué à la mise en place des réformes qui ont permis à votre pays d'aller vers l'Europe. Nous avons aidé aussi au développement de l'économie sociale de marché, de la démocratie et de l'Etat de droit.
* Au cours de vos 25 ans d'activité en Tunisie, vous vous êtes associés à beaucoup de programmes dans le domaine de la presse. A en juger par la qualité actuelle de la presse tunisienne, pensez-vous que les résultats ont été à la hauteur des espoirs ? - S'agissant de la presse, on trouve toujours à redire. Il y a sans doute beaucoup de choses à améliorer dans ce domaine. Mais tout en ayant encore besoin d'améliorer sa qualité rédactionnelle et technique, la presse tunisienne est sur la bonne voie. Elle a encore besoin de temps pour atteindre les standards internationaux. Là aussi, nous avançons pas à pas. Rome n'a pas été construire en quelques jours. De même a-t-il fallu cinquante ans pour construire l'Europe. Nous pouvons dire la même chose à propos de la presse et d'autres domaines en Tunisie. L'essentiel c'est d'être sur la bonne voie.
* Nous avons l'impression que l'Allemagne est en train de se tourner de plus en plus vers les pays de l'Europe de l'Est aux dépens de ceux du sud de la Méditerranée. Les engagements financiers de votre fondation ont-ils suivi ce mouvement ? - Notre engagement en faveur de la Méditerranée a toujours été très fort. Mais, à un moment donné, notre engagement en faveur de l'Europe de l'Est a été plus fort. Aujourd'hui, nous avons des représentations dans tous les pays de l'Europe de l'Est et Centrale, comme dans ceux de l'ex-Yougoslavie. Mais, depuis quelques années, nous donnons la même importance aussi pays du sud de la Méditerranée.
* Ce regain d'intérêt se traduit-il par une augmentation des fonds alloués par la fondation aux pays sud-méditerranéens ? Est-ce qu'on peut avoir des chiffres à ce propos ? - Il y a eu surtout un accroissement des fonds alloués par l'Union européenne au pays tiers méditerranéens (PTM). La fondation a profité de cet accroissement des fonds européens pour augmenter sa contribution au développement de cette région.
* Peut-on évaluer cela par des chiffres ? - Il est toujours difficile de mesurer l'engagement envers un pays seulement par les montants financiers qui lui sont alloués. Les fondations américaines ont dix fois plus de ressources financières que leurs homologues européennes. Elles ne sont pas forcément plus efficaces. Car Américains et Européens n'ont pas les mêmes objectifs. Les Américains mettent généralement de l'argent dans tel ou tel pays pour y provoquer des changements rapides (ou les «acheter»). Les Européens, en revanche, essayent d'accompagner les changements au sein des systèmes en place dans les pays où ils sont engagés. Notre travail s'inscrit donc plus dans la durée. Propos recueillis par :