. L'ambassadeur d'Iran convoqué au Foreign Office Le Temps-Agences - A la veille de l'examen par le Conseil de sécurité de l'Onu de nouvelles sanctions contre l'Iran pour ses activités nucléaires, la marine iranienne a provoqué un incident diplomatique en capturant à l'embouchure du Golfe 15 hommes de la Royal Navy britannique. La Grande-Bretagne a aussitôt réagi en convoquant au Foreign Office l'ambassadeur d'Iran et en exigeant la libération immédiate de ses militaires, enlevés alors qu'ils procédaient en vertu d'un mandat de l'Onu à "un contrôle de routine" sur un navire marchand dans les eaux irakiennes. "Il se peut que ce soit une méprise. C'est en tout cas comme cela que nous le prenons à l'heure actuelle. Nous attendons que cette erreur soit rectifiée", assure-t-on de source autorisée à Londres, tandis que Téhéran observe pour le moment le mutisme le plus total. L'incident, qui a fait grimper de plus de 60 cents les cours du brut, s'est produit en milieu de matinée au large de la péninsule de Fao, dans le Chatt Al Arab, le confluent du Tigre et de l'Euphrate qui marque la frontière entre l'Irak et l'Iran. La veille, l'Iran avait entamé une semaine de manœuvres navales tout le long de ses côtes, y compris dans cette partie stratégique du Golfe qui jouxte les immenses gisements pétroliers de l'Irak, de l'Iran et aussi du Koweït. Les marins britanniques "venaient d'achever sans encombre une inspection du navire marchand lorsqu'ils se sont retrouvés avec leurs deux embarcations encerclés par des bâtiments iraniens et escortés vers les eaux territoriales iraniennes", a précisé le ministre de la Défense à Londres.
Aucun engagement armé
Il n'a pas précisé la nationalité du navire contrôlé par la Royal Navy, qui patrouillent régulièrement dans cette zone, mais un pêcheur irakien qui a assisté à la scène a précisé sous le sceau de l'anonymat qu'il battait pavillon iranien et que l'incident s'était déroulé sans violence. "Espérons que c'est d'une erreur qu'il s'agit, que nous obtiendrons rapidement des éclaircissements et que mes hommes seront vite libérés", a déclaré le contre-amiral Nick Lambert, commandant de la flotte britannique dans le Golfe. Lors d'une interview accordée à une chaîne de télévision de son navire-amiral, le HMS Cornwall, il a confirmé que cet incident avait été "parfaitement pacifique" et n'avait donné lieu à "aucun engagement armé ou quoi que ce soit de ce genre". L'officier a précisé avoir reçu l'assurance, par le biais des "maigres échanges de communications" qu'il maintient avec les autorités iraniennes pour des motifs purement techniques, que les 15 marins enlevés "étaient en sûreté entre leurs mains". Le personnel de la Royal Navy qui procède aux inspections du contenu des navires dans les eaux irakiennes est composé à la fois de marins et de fusiliers-marins. Les militaires américains participent aussi à ces missions, mais l'US Navy a précisé qu'aucun de ses hommes n'était impliqué dans l'incident d'hier. Un incident analogue s'était produit en juin 2004 lorsque des Gardiens de la révolution iraniens s'étaient emparés dans le Chatt Al Arab de huit militaires britanniques, qui avaient passé trois nuits aux mains de leurs ravisseurs avant de retrouver la liberté. L'Iran les avait accusés d'avoir pénétré dans ses eaux territoriales, ce que les autorités britanniques avaient démenti. Contrairement aux Etats-Unis, la Grande-Bretagne maintient des relations diplomatiques avec l'Iran, mais elle soutient les efforts de Washington pour imposer des sanctions internationales à Téhéran en raison de ses activités nucléaires sensibles. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont en outre tous les deux persuadés que le régime islamiste chiite de Téhéran alimente les violences en Irak, ce que Téhéran nie.