La CPI auditionne un rebelle soupçonné de crimes au Darfour Le Temps-Agences - Le président américain Barack Obama a annoncé hier une diplomatie plus active envers le régime soudanais, renforçant à la fois les incitations et la menace de sanctions, en particulier au cas où se poursuivrait le "génocide" au Darfour. "Si le gouvernement du Soudan agit pour améliorer la situation sur le terrain et faire avancer la paix, il y aura des incitations, s'il ne le fait pas, alors il y aura des pressions accrues imposées par les Etats-Unis et la communauté internationale", a dit M. Obama dans un communiqué. Le président a réclamé avant tout "une fin définitive au conflit, aux violations des droits de l'Homme et au génocide au Darfour", province de l'ouest du Soudan. Le département d'Etat avait dévoilé quelques instants auparavant la nouvelle politique des Etats-Unis vis-à-vis du Soudan. Suivant cette nouvelle approche, les Etats-Unis vont traiter le conflit du Darfour et celui entre le Nord et le Sud "simultanément et en tandem" car les deux contribuent à l'instabilité du pays, a indiqué la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. L'administration va veiller en particulier à la mise en oeuvre de l'accord fragile signé en 2005 entre le régime de Khartoum et la rébellion au sud du pays, qui prévoit des élections dans six mois et un référendum d'autodétermination en 2011. Les élections ont déjà été reportées deux fois, et Washington exige désormais un processus "crédible", a dit la chef de la diplomatie américaine. Selon des sources anonymes au département d'Etat, les Etats-Unis entendent mesurer les progrès en fonction de plusieurs avancées concrètes et "urgentes". Au Darfour, Washington attend "la sécurité sur le terrain et un cessez-le-feu". Et dans le conflit Nord/Sud, il s'agira d'"achever les préparatifs des élections et de faire aboutir la négociation sur le tracé des frontières." Le détail des mesures "incitatives" et "dissuasives" envers Khartoum est consigné dans une annexe confidentielle au texte stratégique publié hier, ont précisé de hauts responsables américains. Dernier aspect de la révision, Washington promet de peser auprès des autres capitales pour "traduire la préoccupation internationale en véritable engagement international", a dit Mme Clinton. Les ONG ont accueilli la révision avec une satisfaction prudente. Khartoum voit des "points positifs" dans la nouvelle politique des Etats-Unis vis-à-vis du Soudan, a réagi Ghazi Salaheddine, conseiller du président el-Béchir, tout en jugeant "malencontreuse" l'utilisation par Washington du mot "génocide" au sujet du Darfour. ---------------------------- La CPI auditionne un rebelle soupçonné de crimes au Darfour Le Temps-Agences - Des procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye ont accusé hier un chef rebelle soudanais, Bahr Idriss Abou Garda, d'avoir planifié une attaque au cours de laquelle 12 soldats africains de la force de maintien de la paix au Darfour ont été tués en 2007. Il s'agit de la première action judiciaire engagée devant un tribunal international autour du conflit au Darfour. Une audition de Bahr Idriss Abou Garda était organisée hier afin de déterminer si les procureurs de la CPI disposent de suffisamment de preuves pour justifier la tenue d'un procès. Selon la vice-procureur Fatou Bensouda, ce commandant rebelle, âgé de 46 ans, a ordonné une attaque contre des soldats africains de la force de maintien de la paix parce qu'il espérait en tirer un profit en vue de pourparlers de paix qui étaient prévus le mois suivant. D'après Fatou Bensouda, les victimes n'ont pas été tuées accidentellement, ni dans des tirs croisés. "La plupart ont été tuées de près. Ils ont été exécutés", a-t-elle affirmé. Bahr Idriss Abou Garda a démenti avoir planifié, participé ou bénéficié de cette attaque perpétrée à Haskanita, au Darfour, en 2007. "Je n'ai aucune relation avec cet accident", a-t-il dit dans une déclaration qui a duré 30 minutes devant le tribunal. Il a toujours nié les faits et était venu volontairement en mai dernier devant la justice. Il avait été laissé libre jusqu'à hier. Cette audition devrait durer deux semaines. Les trois juges -du Brésil, d'Italie et du Botswana- auront ensuite 60 jours pour décider s'il existe suffisamment de preuves pour intenter un procès. L'avocat de la défense Karim Khan a affirmé que les éléments dont disposait l'accusation étaient "insuffisantes, peu fiables", "incomplètes", et qu'il serait "injustifié d'autoriser la poursuite de cette affaire".