Ce qui s'est passé la semaine dernière en Espagne avec le "classico" Real Madrid-FCBarcelone inaugure "officiellement" la culture de masse néo-universelle. En effet, des salles de cinéma ont fait payer des spectateurs le prix d'un ticket et une fois à l'intérieur, ils leur ont projeté le match en direct. Bref, un pas de plus vers le recyclage des espaces culturels en grandes surfaces populaires de consommation. Ainsi, les magnats du football font payer très cher les droits télé. Du coup, les chaînes de sport cryptent leurs programmes et font payer les modestes citoyens consommateurs du beau jeu. Ceux qui n'ont pas les moyens d'entrer au stade. Car vu les nouveaux prix des billets d'accès, il faut être riche pour aller insulter les arbitres et ceux qui ne peuvent pas s'abonner à ces chaînes payantes... on leur offre une alternative, celle d'aller voir le match à un prix raisonnable mais dans une salle de spectacle culturel et au milieu d'un public. Le foot a déjà squatté les télés, notre quotidien, nos discussions et maintenant nos salles de cinéma. En attendant qu'on confisque les théâtres puis les musées et peut-être un jour nos bibliothèques pour diffuser des matches, on comprend pourquoi l'on paye des milliards pour transférer des joueurs. Alors que quelques milliards suffisent pour loger des SDF, nourrir des assidus des restos du cœur ou offrir un travail décent à des milliers de chômeurs. Utopie? Démagogie? Rêves fous d'une autre époque?... Peut-être, ou même sûrement... Mais souvenons-nous de l'époque où l'on rêvait, la vie était beaucoup plus belle. Et dans ce nouveau monde mondialisé où le foot se regarde dans les salles de cinéma, où les grands patrons d'entreprises touchent des centaines de fois le salaire de leurs employés, où les bourses et les traders jouent avec l'avenir de l'humanité... franchement, il n'y fait pas bon vivre. Cette fuite en avant nous coupe le souffle. Quand un footballeur devient l'exemple de tous les jeunes et quand un chercheur en sciences est insulté "Espèce d'intello"... que nous restera-t-il pour nos enfants. Un bon vieux dicton dit "Donne-moi la vie aujourd'hui et tue-moi demain"... Et c'est ce qui tue la vie !