Il était un bon père de famille, et faisait tout ce qu'il fallait pour subvenir aux besoins de celle-ci, œuvrant à donner la meilleure éducation pour ses enfants et leur inculquer les règles de la bienséance et de la bonne morale. Banquier de son état, il passait la plupart de son temps à l'extérieur, étant censé travailler et devoir accomplir la tâche qui lui est confiée, sans la moindre faille, ni le moindre faux pas. Aussi rentrait-il souvent tard la nuit. Cependant, était-ce une raison pour que cela devienne une habitude ? se demanda sa famille, qui commençait à s'inquiéter pour lui, surtout qu'il prenait de l'âge et qu'il était à quelques années de la retraite. Ces inquiétudes n'étaient pas du tout mal placées car un soir, il ne rentra pas à la maison. Il n'avait pas pourtant l'habitude de découcher. Le lendemain dans la journée, sa famille apprit qu'il était arrêté par la police. La nouvelle tomba comme un couperet. Son épouse avait pensé à une bagarre, dans laquelle son mari avait été impliqué malgré lui. " On l'a peut-être attaqué dans la rue pour le braquer ;.....et s'il était arrêté pour un autre motif ? un détournement d'argent dans lequel on voulut l'immiscer ? O mon Dieu, préservez-nous des mauvaises nouvelles ! " Sur son chemin au poste de police où son mari a subi une garde à vue, la pauvre épouse ne cessait de cogiter, de plus en plus inquiète, et n e sachant pas ce qui s'est passé au juste. Mais que ne fut pas sa surprise, lorsque arrivée au poste de police, elle apprit que son mari était impliqué dans une affaire de mœurs. Elle avait tout imaginé sauf ça, surtout qu'elle n'avait jamais connu son mari sous cet angle, et qu'il n'était du genre volage, mais plutôt un homme rangé et sensé. " Non, ce n'est pas possible ;je ne peux le croire ; ça doit être une accusation mensongère ! " se disait-elle , dans tous ses états. " Je suis désolé madame, votre mari est impliqué dans une affaire de prostitution clandestine ; il a été pris en flagrant délit avec d'autres personnes dans une maison à laquelle ils furent tous invités par une danseuse, pour une soirée bien animée ! " lui dit le chef de poste tout confus, avec le procès verbal établissant les faits, sous les yeux. Il commença à lui lire quelques extraits dudit procès verbal,et plus exactement la déposition du mari qui niait les faits incriminés, mais elle l'arrêta en lui lançant : " C'est bon, merci,ne continuez pas, je suis écœurée ! " En réalité il n'y avait pas que ce malheureux banquier qui fût impliqué dans cette affaire. Il y avait également quelques autres jeunes hommes et jeunes filles entraînés par la danseuse chez elle. Elle leur avait proposé, après une veillée animée dans un hôtel, de terminer la soirée chez elle. Ce n'était pas de refus, même par le banquier qui était allé à cet hôtel pour boire quelques verres et se décontracter et " destresser ". A l'audience où il était tous impliqués de prostitution clandestine, le banquier soutint qu'il n'avait aucune intention malveillante et qu'il s'était déplacé chez la danseuse, pour répondre à son invitation. " Qu'est-ce que vous faisiez alors dans la villa de la danseuses ? " lui dit le président du tribunal sur un ton inquisiteur et assez mitigé. " J'ai seulement été attiré par la façon sublime de danser qu'avait cette dame, sans plus, monsieur le président. D'ailleurs je ne lui ai même pas payé de verre à l'hôtel. ", affirma le banquier pour insister sur le fait qu'il n'y avait aucune contrepartie. Les avocats de la défense plaidèrent essentiellement , l'absence de contrepartie matérielle, élément o combien déterminant sur le plan juridique, pour appuyer une telle accusation. L'avocat du banquier insista sur le fait qu'au delà du doute planant sur l'existence de l'élément matériel et moral, justifiant l'infraction, il importait de tenir compte des circonstances atténuantes pour son client, afin de ne pas se voir condamné d'une peine, qui lui interdirait d'exercer ses fonctions, surtout qu'il était à quelques années de la retraite. Le tribunal après en avoir délibéré, condamna toute la bande à deux mois de prison chacun, assortis toutefois du sursis.