Les difficultés rencontrées par le secteur thermo-minéral en Tunisie ont amené l'office du thermalisme à engager une réflexion stratégique dans ce domaine visant à améliorer la qualité des prestations thermales, à diversifier les produits et à restaurer la rentabilité des établissements en améliorant leur compétitivité. D'où l'intérêt de ce séminaire de présentation et de discussion du plan de mise à niveau du secteur thermo-minéral organisé avant-hier à l'hôtel Africa Jade à Korba en présence des promoteurs des stations thermales et des experts en thermalisme.
L'objectif de la mise à niveau du secteur thermo-minéral comme l'a précisé M. Fradj Daouès PDG de l'office du thermalisme vise « à de restaurer la rentabilité des établissements par une évolution de la qualité de leurs services et de leurs produits et par l'amélioration de leur positionnement. Les effets recherchés sont entre autres une augmentation de la fréquentation et une amélioration du revenu généré par client. Le programme favorise en particulier les investissements matériels notamment la rénovation, la mise aux normes, et l'accroissement de l'offre de service et aussi les investissements immatériels (politique commerciale, marketing, formation, ...) Le plan de mise à niveau réalisé par Acclivity North Africa a été présenté par Mohamed Louzir. Il s'agit d'une étude en trois phases, commanditée par l'office du thermalisme pour la mise à niveau du secteur thermal suite aux recommandations de l'étude stratégique à l'horizon 2016 menée en 2002-2004 par le bureau Idéalconsult-Ecoressources et qui a permis de dégager un scénario de développement du secteur thermo-minéral en Tunisie
Diagnostic La phase une a permis comme l'a présenté M. Louzir de proposer une méthodologie interactive et pragmatique et qui se base sur des référentiels scientifiques et réglementaires, validés par le comité de pilotage. La phase II a été celle du diagnostic de la situation. Elle a été menée sur le terrain par l'équipe d'étude par des visites d'évaluation d'une liste de sites prédéfinis par le commanditaire comprenant quatre stations thermales, un échantillon de hammams et d'entreprises d'embouteillage d'eau minérale et par l'interview de nombreux intervenants ainsi que la consultation des documents disponibles. Il s'est avéré d'après ce diagnostic que « Aucun hammam ne possède des normes d'hygiène en particulier en termes de qualité de l'eau de baignade, d'évacuation des eaux usées et d'aménagements des locaux et d'intégration dans le milieu Aucune étude scientifique connue n'est disponible quant aux vertus thérapeutiques de ces hammams » Quant aux quatre stations, elles constituent quatre problématiques différentes. « Elles évoluent dans un marché atypique ou deux stations (Korbous et Djerba) connaissent de sérieux problèmes d'exploitation. Par contre la station de Jebel Oust et celle de Hammam Bourguiba semblent être dans le marché. La capacité nationale installée est largement sous-utilisée et le marché reste limité par le plafonnement des remboursements par les caisses sociales. Ceci sans oublier la qualité insuffisante des soins et l'hygiène des établissements et le problème d'intégration dans l'environnement »... » Le diagnostic du secteur des eaux conditionnées a permis de relever que « si la plupart des entreprises se targuent d'avoir mis en place des systèmes qualité, peu d'entre-elles sont certifiées et les préceptes de sécurité sanitaire ne sont pas rigoureusement implémentés »
30 millions de dinars pour la mise à niveau : Au terme de la phase III , l'équipe de consultants a pu proposer des solutions réalistes, fonctionnelles et chiffrées pour la mise à niveau des trois types d'établissements concernés. Ainsi, pour les hammams, le plan de mise à niveau se doit de tenir compte d'une stratification, seule garantie de la faisabilité économique des investissements à engager dans le cadre du plan de mise à niveau. Pour la mise à niveau des stations thermales, des constats observés sur le terrain ont révélé que « Pour les trois stations thermales (Hammam Bourguiba, Jebel Oust et Korbous) des possibilités de mise à niveau sont offertes et qui permettraient aussi bien de consolider l'activité actuelle, que de diversifier les prestations offertes. Pour la station Djerba, il est difficile de parler de mise à niveau étant donné que le diagnostic a révélé une situation assez délicate. Ce qui requiert plutôt une restructuration globale » Pour les eaux conditionnées, le plan de mise à niveau axe sur « l'optimisation de la production pour la maîtrise du coût et alignement du taux de la TVA au niveau des pratiques internationales, la différentiation de la gamme offerte, le développement des circuits et des marques des distributeurs et l'implémentation rigoureuse des systèmes qualité et sécurité sanitaire au niveau du continuum source-consommateur. Cette mise à niveau nécessitera un investissement global de l'ordre de 30 millions de dinars dont 5 millions de dinars d'immatériel : 9,6MD pour les Hammams, 16 millions de dinars générant 70 emplois additionnels pour les stations thermales : 10 MD pour Hammam Bourguiba, 5,3 MD pour Jebel Oust, et 610 MD pour Korbous. Les subventions de mise à niveau sont estimées à 5,4 millions de dinars. » Le débat s'est porté notamment sur les aspects hygiène, qualité et sécurité dans les stations thermales, l'amélioration de l'environnement proche des stations, la révision des schémas de financement, le développement d'un label pour chaque hammam et station, l'amélioration des prestations, la promotion du produit thermal dans les salons, l'encouragement de la recherche scientifique dans le domaine thermal, le renforcement de la formation, la certification...