Ce n'est pas par hasard si en temps de conflits, l'on parle à tout va de la guerre des images, et de l'impératif de la gagner cette guerre, dont les implications, autant que les retombées, sont d'une importance capitale, autant pour les « bourreaux » qui veulent s'ériger en victimes, que pour les victimes, dépossédées de tout, jusqu'au déni de leur propre existence, puisque le rapport des forces, érigé en loi absolu sur certains terrains minés, impose la loi du silence, en jetant une chape de plomb, sur les atrocités commises, foulant aux pieds sans vergogne, les principes les plus élémentaires des Droits de l'Homme, sans qu'aucune instance internationale, investie du pouvoir de trancher, ne condamne fermement les barbaries commises, ni ne punisse ces crimes contre l'humanité, absous par le silence de ceux qui savent et continuent à se taire. Gaza, un an après. Qu'est ce qui a changé ? Le lundi 18 janvier (à 18 heures) à la m.c Maghrébine Ibn-Khaldoun, en même temps que dans le monde entier, « To shoot an elephant », film documentaire réalisé par Alberto Arce et Mohammed Rujaila, sera présenté par le ciné-club de Tunis (FTCC), pour commémorer un bien triste anniversaire : celui de l'opération « Plomb durci » qui a réduit Gaza et ses habitants, à feu et à sang. Sans que la communauté internationale n'intervienne officiellement, pour arrêter l'hécatombe. Alberto Arce, trente-six ans, qui avait signé auparavant trois films sur la Palestine et un film sur l'Irak, avait trouvé injuste, le silence des médias, sur l'effroyable meurtre organisé, perpétré par Israel à l'encontre des palestiniens. Car il ne faut pas l'oublier : 1. 412 palestiniens sont morts sous les bombardements, dans des souffrances atroces. Alberto Arce a alors décidé de rejoindre le bateau du « Free Gaza Movement », en partance pour Gaza, à la fin décembre 2008. Il choisira aussi d'y rester. Pour témoigner de l'horreur. Et filmer comment les équipes médicales ainsi que les hôpitaux, étaient pris pour cibles par les forces israéliennes. Et comment les enfants mouraient, brûlés par le phosphore blanc. Tandis que le monde a les yeux tournés ailleurs... En se confiant à Adri Nieuwhof lors d'un entretien, Alberto Arce dira en substance : « Le pire a été le premier jour. Après une journée de lourds bombardements, notre groupe de sept internationaux s'est vu proposer de quitter Gaza afin de sauver nos vies. Il nous a fallu 3 minutes pour décider que nous voulions rester. A cet instant, je suis devenu palestinien et je n'étais plus un international. (…) cette violence est ce que les palestiniens vivent depuis 60 ans. Quelle aurait été ma vie si, à cinq ans, j'avais vu mes deux camarades de classe brûlés par le phosphore blanc ? » « To shoot an elephant » va jouer un rôle dans les séances du Tribunal Russel sur la Palestine. Qu'est-ce qui a changé un an après se demandera le journaliste et réalisateur ? On se souvient du film-docu de l'israélien Avi Mograbi : « Pour un seul de mes deux yeux », qui montrait comment les soldats israéliens, dans un Check Point, empêchaient une femme malade, de monter dans l'ambulance venue la transporter d'urgence à l'hôpital. Et ça continue…