L'Institut tunisien des administrateurs (ITA) vient d'être créé. Il s'agit d'une association scientifique créée par des experts tunisiens dans plusieurs domaines et qui a obtenu l'autorisation légale d'entrée en fonction en mai 2009. Cette association vise aussi à identifier le rôle de l'administrateur indépendant au sein du conseil d'administration de l'entreprise et ce en coopération avec les pouvoirs publics afin de traduire cette idée en textes de droit pour promouvoir la bonne gouvernance au sein des entreprises tunisiennes. Organisme d'information, de réflexion et de sensibilisation des acteurs sur certains problèmes, l'ITA se veut un centre de ressources pour les administrateurs tunisiens ou exerçant en Tunisie, se propose de les accompagner en leur offrant un lieu d'échange et de débat. Accompagnement Les fondateurs de l'ITA ont longuement mis l'accent sur leurs objectifs qui reposent essentiellement sur l'accompagnement des membres des conseils d'administration des entreprises dans l'accomplissement de leurs tâches. Cette structure envisage également de mieux les sensibiliser aux pratiques de la gouvernance ainsi qu'aux outils nécessaires, leur permettant de promouvoir la transparence. Tout en admettant que la Tunisie«a fait des progrès dans ce domaine» notamment avec l'adoption en 2005 de deux lois sur la sécurité financière et la création des comités d'audit, il y a encore des progrès à faire, tant au niveau des textes que de la pratique, a précisé Moez Joudi, membre de l'Institut. Le président de l'Institut, M. Slaheddine Laajimi, ait fait savoir lors d'un séminaire international organisé fin janvier par l'ITA sur le thème « les nouveaux acteurs de l'après-crise: Administrateurs de sociétés», que cette structure aura pour taches d'accompagner les membres des conseils d'administration des entreprises, de les informer et de diffuser les bonnes pratiques de gouvernance, de transparence et d'éthique. En effet, les administrateurs de sociétés sont incontestablement les nouveaux acteurs de l'après crise eu égard à leur rôle au sein de l'entreprise et précisément au niveau de la prise de décision et son impact sur la gouvernance. Le séminaire a été axé sur deux panels. Le premier a porté sur « Les enjeux et les défis de la bonne gouvernance des entreprises ». Un premier panel permettra aux participants de s'informer du « développement des bonnes pratiques de gouvernance en Tunisie ». Le deuxième panel a abordé «le rôle des conseils d'administration et des administrateurs dans la gouvernance des entreprises». Des personnalités du monde des affaires, des chercheurs et des professionnels de Tunisie et de l'étranger ont pris part à cette rencontre. Ils débattront des enjeux de la bonne gouvernance, du rôle des conseils d'administration et des administrateurs dans le contrôle, la gestion des risques, la création de valeur et la performance des entreprises à l'échelle nationale et internationale. La bonne gouvernance pour dépasser la crise Dans son intervention, le président de l'Institut Français de Administrateurs (IFA), M. Daniel Lebègue a indiqué que la crise a été déclenchée par des défaillances au niveau du contrôle à terme, l'audit, la gestion des risques, des erreurs stratégiques (mauvais choix), la priorité accordée à la rentabilité à court terme. M. Lebègue considère qu'une des solutions pour éviter toute récidive dans ces défectuosités , et des crises qui en résulteraient consiste à adopter les pratiques de bonne gouvernance, définie comme étant un système de contrôle efficace de la gestion de l'entreprise et la concordance des intérêts de l'entreprise avec les attentes de ses partenaires. M. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie et de la Technologie, a exprimé sa grande satisfaction vis-à-vis la création de cet institut qui vient renforcer le dispositif mis en place en Tunisie pour accompagner les entreprises dans leurs efforts de développement et performance et cela par l'adoption des meilleures pratiques de gouvernance. Il a souligné que « Les Conseils d'administration, mécanisme essentiel, de contrôle et de stratégie, se doivent d'être les garants d'une gouvernance d'entreprise créatrice d'une valeur durable», à l'ouverture du colloque. Il a ajouté que la présence d'administrateurs, indépendants d'esprit et d'appartenance, compétents et diligents devrait renforcer le contrôle des équipes de direction, garantir une meilleure création et répartition de la valeur et contribuer à enrayer les risques. C'est aussi, a-t-il dit, une bonne pratique de gouvernance qui saura rassurer les investisseurs et consolider la transparence et le développement du marché financier tunisien. Il en cité la promulgation de plusieurs législation : loi sur la sécurité financière (2005) ; loi sur la protection des droits des actionnaires minoritaires (2009) ; la publication par l'Institut arabe des chefs d'entreprise d'un guide sur les bonnes pratiques de gouvernance des entreprises tunisiennes ; le programme de mise à niveau industrielle à travers ses exigences de transparence et l'introduction en bourse d'entreprises familiales (une douzaine et une dizaine en cours d'introduction). Côté perspectives, le ministre a relevé que le dispositif de bonne gouvernance va être renforcé par un projet d'institution du statut de l'entreprise transparente, actuellement à l'étude. Ce statut permettrait à l'entreprise de répondre à un certain nombre d'exigences en la matière et de bénéficier d'un traitement particulier. Les participants ont été unanimes pour dire que ce thème, d'une grande actualité, comporte des enjeux dans la mesure où de nos jours le développement, la performance et la pérennité des entreprises passent par l'adoption des meilleures pratiques de gouvernance. Selon plusieurs experts du domaine les principaux acteurs de l'entreprise auxquels est dévolue cette responsabilité sont au nombre de quatre : les dirigeants qui dirigent des équipes (acteur clé), les actionnaires, le conseil d'administration (conception des stratégies à suivre) et les salariés. Aymen BARKALLAH ---------------------------------------- Comité directeur de l'ITA - Président : Slaheddine Ladjimi, DG de la BIAT - Trésorier : Taoufik Ayadi, DG de Ayadi et associés - Vice-président : Moez Joudi, DG de Formapro - Secrétaire général : Mohamed Jarraya, DG de Alpha-audit - Membres : - Abdessatar Mabkhout, Associé PriceWaterhouse Coopers - Boubaker Mehri, DGA du Groupe Delice - Slaheddine Hellara, Professeur universitaire