Le Temps-Agences- Au lendemain du choc créé par le président Laurent Gbagbo, qui a dissous gouvernement et commission électorale, la Côte d'Ivoire s'interrogeait hier sur la composition de la prochaine équipe chargée d'organiser une présidentielle, dont la date reste un mystère. Ce tournant majeur dans la crise ouverte par le coup d'Etat manqué de 2002, qui a coupé le pays en un nord rebelle et un sud loyaliste, n'avait apparemment pas suscité dans l'immédiat de tensions particulières dans le pays, selon des sources concordantes. Dès vendredi, les forces de sécurité avaient été mises en état d'alerte. "La situation est calme à Abidjan", a affirmé hier une source sécuritaire. Annonçant vendredi soir la double dissolution, le chef de l'Etat a reconduit Guillaume Soro, leader de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), au poste de Premier ministre qu'il occupe à la suite de l'accord de paix de 2007. M. Soro doit proposer demain au président Gbagbo un nouveau gouvernement et avant la fin de la semaine prochaine le "format" d'une nouvelle Commission électorale indépendante (CEI). Ces décisions fracassantes sont intervenues après plus d'un mois de crise autour de la Commission électorale. Accusé par le camp présidentiel et le parquet de "fraude" sur la liste des votants, son chef Robert Beugré Mambé, qui appartient à l'opposition, récusait toute irrégularité et refusait de démissionner. Depuis la semaine dernière, cette crise s'était accompagnée de violences dans certaines localités. Des manifestants d'opposition protestaient contre des procès en radiation d'étrangers présumés de la liste, et accusaient le parti au pouvoir. Le chef de l'Etat a dit avoir voulu sauver un processus de paix "pris en otage par des partis politiques" et annoncé un "gouvernement de sortie de crise". L'idée d'un cabinet restreint faisait son chemin depuis vendredi, selon certaines sources. Dans ce contexte, la date de l'élection présidentielle, reportée six fois depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, est plus que jamais un mystère. Officiellement, le scrutin reste prévu pour "fin février-début mars", une échéance rendue à l'évidence caduque par la dernière crise. Fin janvier, le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé sa tenue avant juin.