D'une voie unanime, les représentants des organisations professionnelles euro-méditerranéennes du textile et de l'habillement se sont opposés au projet de règlement européen «made in» (2005/0254 (ACC)) qui impose d'indiquer le pays d'origine où le produit textile a été fabriqué (sous-traité). Ils avancent comme argument que les consommateurs portent peu d'intérêt à l'origine et sont plutôt motivés par les prix et les marques.
Les professionnels du secteur ajoutent encore que l'application des règles d'origine non préférentielles, qui diffèrent d'un pays tiers à l'autre, rendra difficile, en l'absence de critères internationaux, tout contrôle pertinent du marquage de l'origine, car les étapes de fabrication d'un produit peuvent se dérouler dans plusieurs pays. En conséquence, l'indication d'un seul pays comme pays d'origine peut être trompeuse. Par ailleurs, ils considèrent que la mise en oeuvre de ce projet entraînera un alourdissement des formalités pour les importations en provenance de pays ayant un accord commercial préférentiel avec l'Union européenne (UE). Ainsi, ont-ils qualifié, dans une déclaration annoncée, hier, aux termes des travaux du séminaire, organisé à Tunis, sur «les enjeux du secteur du textile et de l'habillement dans la zone pan-euromed », cette proposition de « contradictoire» avec la politique d'accès aux marchés, voire une entrave à la libre circulation des marchandises dans l'Union européenne et à l'élimination des barrières non tarifaires dans les pays tiers. Pis encore, ils constatent que ce règlement sur l'indication du pays d'origine de certains produits importés de pays tiers (vêtement et matières textile) est « incompatible » avec la politique de construction de la zone euromed. Un tel règlement va déstabiliser, selon les propos des professionnels du secteur, les échanges des pays importateurs et exportateurs du textile de la région euroméditerranéenne car il est considéré comme une forme larvée de protectionnisme. En fait, il est de nature à induire un surcoût contreproductif évalué par la commission européenne à 1,5 euro par vêtement et 2 euros par paire de chaussures importées, sans compter les surcoûts logistiques liés à la gestion des stocks entre les marchandises obligatoirement marquées et les autres. M. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des PME, qui coprésidait ce séminaire avec M. Mondher Zenaidi, ministre du Commerce et de l'Artisanat, a fait remarquer que les restrictions prises par l'Union Européenne à l'encontre des importations asiatiques massives ont eu un certain impact positif mais elles resteront des mesures provisoires. M. Chelbi a formulé l'espoir de voir ces restrictions relayées par un partenariat fort et durable dans la zone Pan Euromed, ajoutant que l'action concertée des professions au niveau euromed est déterminante pour peser sur les choix de Bruxelles, se disant convaincu que la consolidation d'un espace euromed de production est la seule piste qui permet, au Sud et au Nord de la Méditerranée , de faire face aux défis futurs et à la concurrence des autres groupement régionaux. M. Zenaidi a, pour sa part, déclaré que la solidarité entre les pays européens et méditerranéens est nécessaire pour rester dans le peloton de tête des fournisseurs de l'union européenne, soulignant la nécessité de la promotion, dans la région, d'un commerce libre et loyal, respectueux des normes sociales fondamentales et des normes environnementales. Les exportateurs sur le marché européen sont également appelés à se prémunir, à l'avance, pour contourner les risques de la fin, en janvier 2008, des accords d'autolimitation conclus entre l'UE et la Chine et ceux des accords sino-américains en 2009, a-t-il renchéri. M. Zenaidi a appelé les pays de la région à assurer le respect des règles de bonne conduite et de bonne gouvernance concernant la contrefaçon, le piratage de marque, le travail des enfants, la liberté syndicale et le dumping. Les participants à cette rencontre ont affirmé que le secteur du textile-habillement a de beaux jours devant lui dans la zone euroméditerranéenne et peut même, être érigé en facteur d'intégration régionale pour peu que les pays de cette zone fassent preuve de solidarité et conviennent, entre autres, de prolonger le système des quotas qui vise à protéger la production de la zone contre les importations massives de produits asiatiques. A.A
Chiffres significatifs Jusqu'au 9 avril 2007, le textile-habillement en Tunisie a enregistré une évolution de 15% des exportations par rapport à 2006. Par filière, les exportations de la confection ont évolué de 18,7% tandis que les importations ont progressé de 36,6%. Les exportations du prêt-à-porter pour femmes ont évolué de 30,3%, celles pour hommes ont accru, également, de 18,2%. S'agissant des exportations de linge de maison et de la lingerie, elles ont progressé respectivement de 62,2% et de 14,8% jusqu'au 7 avril 2007.