Le Temps-Agences- Israël a bouclé hier la Cisjordanie occupée pour 48 heures de crainte de manifestations de Palestiniens en réaction à la nouvelle impulsion donnée par les autorités israéliennes à la colonisation. Le bouclage strict a été décidé par le ministre de la Défense Ehud Barak "pour motifs sécuritaires, selon un porte-parole militaire. Il a pris effet à minuit dans la nuit de jeudi à vendredi et pourrait être prolongé. A Al Qods-est, la police a déployé des renforts et filtré strictement les entrées à l'esplanade des Mosquées, dans la Vieille ville, dont l'accès a été interdit aux hommes de moins de 50 ans pour la grande prière du vendredi. Environ "6.000 fidèles ont pu participer à la prière", selon le porte-parole de la police de Al Qods, Shmulik Ben Rubi, un chiffre inférieure à la fréquentation habituelle. Des incidents sporadiques ont été signalés dans deux quartiers palestiniens, à Ras al-Ahmoud et Wadi Joz, après la fin de la prière. "Quatre jeunes Palestiniens ont été interpellés à la suite de jets de pierres qui ont légèrement blessé deux policiers", a précisé le porte-parole. Vendredi dernier, de violents heurts s'étaient produits sur l'esplanade à la suite de la décision du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'inscrire deux lieux saints de Cisjordanie, le Caveau des Patriarches à Hébron et le Tombeau de Rachel à Bethléem, au patrimoine national d'Israël. L'armée israélienne boucle systématiquement la Cisjordanie pour chaque fête juive, mais c'est la première fois depuis plus d'un an qu'une telle mesure est prise alors qu'aucune célébration n'est prévue en Israël. La tension a grimpé cette semaine avec le feu vert donné par le ministère israélien de l'Intérieur à la construction de 1.600 logements à Ramat Shlomo, un quartier juif orthodoxe de Al Qods-est, secteur à majorité arabe annexé par Israël en 1967. Cette mesure, annoncée en pleine visite du vice-président américain Joe Biden, a été ressentie comme un camouflet par Washington éloignant les perspectives --déjà problématiques-- d'une relance du processus de paix via des négociations indirectes. L'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas a exigé l'annulation du projet immobilier controversé, jugeant qu'il constitue une nouvelle provocation qui enlève tout sens à la négociation. "Les Américains savent parfaitement que le président Abbas leur a officiellement fait savoir qu'il est très difficile pour nous d'aller à la table des négociations, directes ou indirectes, sans l'annulation du projet de construction" à Al-Qods-est, a déclaré hier le négociateur palestinien Saëb Erakat. Les Palestiniens sont d'autant plus exaspérés qu'un feu vert semblable a déjà été donné à deux autres projets de colonisation récemment: 600 logements dans un autre quartier de colonisation à Al-Qods-est, et 112 logements dans la colonie de Beitar Ilit, en Cisjordanie occupée. Le gouvernement israélien a clairement dit qu'il n'avait pas l'intention de stopper ces projets, ni à Beitar Ilit, déjà en chantier, ni à Al-Qods-est, considérant que le secteur oriental de la Ville sainte fait partie intégrante d'Israël, en dépit de l'opposition de la communauté internationale.