Alors que les orientations convergent vers l'encouragement des contrats-production dans le secteur agricole allant même à déclarer officiellement 2007 «année des contrats de production et d'exportation», un bras de fer oppose actuellement les producteurs et les transformateurs de tomates. Les premiers reprochent aux seconds de tarder à les payer dans les meilleurs délais et surtout, avant le démarrage de la prochaine saison de culture de la tomate, tandis que les seconds demandent un ajournement le temps qu'ils règlent les problèmes auxquels ils sont confrontés avec les banques.
Toutefois, et au terme de réunions marathoniennes, les producteurs de tomates, fort de l'appui de leur syndicat, l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP), ont obtenu gain de cause : les transformateurs vont payer le plus tôt possible. Les deux parties ont convenu, également, de planifier la production sur trois ans en fonction de la capacité de transformation et d'actualiser le cahier des charges des centres de collecte. Ils se sont mis également d'accord pour engager un processus devant permettre d'améliorer le rendement à l'hectare et de le porter de 30 tonnes actuellement à 60 tonnes. Jusqu'à nos jours, la Tunisie ne parvient pas à écouler son quota de concentré de tomate sur le marché de l'Union européenne. Sur la période 1995-2004, les exportateurs de concentré de tomate n'ont exporté que 519 tonnes sur un quota global de 2.800 tonnes, soit à peine 22% de la quantité demandée. Néanmoins, et grâce aux nombreux incitations et encouragements alloués aux professionnels du secteur de la tomate au titre de l'acquisition d'équipements d'irrigation (par la fixation de prix de référence et l'encadrement technique) ainsi que l'apport de la recherche agronomique (à travers l'introduction de nouvelles technologies ) et la lutte intégrée menées contre les ravageurs des cultures et l'importance de la protection phytosanitaire, le secteur de la tomate de transformation est parvenu à réaliser des progrès considérables aussi bien sur le plan de l'amélioration des performances de l'activité agricole qu'au niveau industriel. En effet, les quantités de tomates transformées ont plus que doublé au cours des 10 dernières années, passant de 300 mille tonnes en 1993 à plus de 600 mille tonnes en 2003. Avec une moyenne de 618 mille tonnes de tomates transformées sur les cinq dernières années, la Tunisie est le premier transformateur du continent africain et l'un des plus importants producteurs du bassin méditerranéen. Le nombre d'usines de transformation de tomates est estimé à 34, avec une capacité journalière totale de 32 mille tonnes contre 13 mille tonnes dans les années 80. Les surfaces cultivées en tomates saisonnières destinées à la transformation sont réparties entre les gouvernorats de Nabeul (45%), Sidi Bouzid (14%), Beja (10%) et la Manouba (8%). S'agissant de la production, le secteur de la tomate contribue à concurrence de 3% dans la production mondiale de la tomate fraîche. En 2004, la production a atteint un chiffre record de 743 mille tonnes. L'évolution de la production est le fruit des stratégies de développement mises au point au cours des dernières années, le rendement national moyen de la tomate est passé en 10 ans, de 25 tonnes à l'hectare à plus de 45 T/HA actuellement. La Tunisie a mis en œuvre un ensemble d'actions pour assurer l'équilibre de cette filière de transformation et son développement harmonieux, limitant d'abord les superficies réservées à la culture de la tomate de 22 mille hectares à 17 mille actuellement, tout en encourageant les intervenants de cette filière à recourir aux contrats de culture et à l'instauration de système unifié pour le payement de la tomate en fonction de sa qualité et des exigences de l'industrie. En outre, le secteur des tomates en Tunisie reflète une dimension socioéconomique dans la mesure où il constitue une source de revenu pour environ 10 mille petits agriculteurs et emploie dans les 32 unités industrielles un nombre important d'ouvriers permanents et saisonniers. Sur le plan de la consommation, la Tunisie figure parmi les pays grands consommateurs de tomates fraîches et transformées. A ce titre, la moyenne de consommation de tomate fraîche par tête d'habitant et par an est passée de 18 kg au cours des années 80 à 54 kg actuellement, alors que la consommation de double concentré de tomate est passée de 5,4 kg à 8 kg pour la même période. A rappeler que les professionnels internationaux du secteur, réunis en juin 2006 à Tunis dans le cadre du 7ème congrès mondial sur la tomate d'industrie, ont estimé que la consommation de ce produit devrait augmenter dans les années à venir, ce qui nécessite le développement de la production et la modernisation du secteur de transformation conformément aux normes internationales.