Par une journée d'été de l'année 2003, un cadavre enroulé dans un tapis fut découvert dans une maison à Sfax. Il s'est avéré celui d'un surnommé « Chokri Hrabèche » qui était au service de la propriétaire de cette maison, artiste peintre de son état et épouse d'un médecin. Le corps de la victime était criblé de 35 coups de couteau ! Interpellée, l'artiste a nié avoir une quelconque relation avec ce meurtre, déclarant quelle n'avait aucune raison de tuer celui qui était au service de tous les membres de sa famille, son mari l'ayant au départ engagé pour garder leur villa. Toutefois, au cours de l'enquête, elle allait révéler des choses assez curieuses et fort étonnantes. Elle déclara, en effet, au cours de l'instruction, que son mari l'obligeait sous la menace de cohabiter avec la victime en vue de liaisons intimes. Cependant, elle n'avait fait que clamer son innocence, tout au long des étapes de la procédure, affirmant surtout qu'elle était incapable d'attaquer la victime à coups de couteau étant donné la corpulence et la stature physique de celle-ci, ajoutant que si elle avait eu l'intention de le tuer, elle se serait prise autrement en lui mettant une dose de morphine dans son verre, la victime étant un buveur invétéré et elle pouvait facilement se procurer de la morphine de l'hôpital où travaille son mari. Par ailleurs, l'autopsie ayant signalé des égratignures sur le corps de la victime, on procéda à l'analyse d'une partie des dépôts prélevés sous les ongles de l'accusée et qui se révéla négative, ce qui a été considéré par celle-ci comme une preuve de son innocence. Cependant, cet élément n'était pas suffisant à lui seul, pour la mettre hors de cause, ou atténuer les lourdes présomptions qui étaient de nature à la désigner comme la principale coupable de ce crime autant mystérieux que cruel. Elle ajouta que le sang trouvé sur ses chaussures de sport, n'avait rien à voir avec celui de la victime, pour affirmer que c'était un coup monté par celui qui voulait, coûte que coûte, l'impliquer dans un crime auquel, soutint-elle, elle était totalement étrangère. A la salle d'audience qui était comble, l'accusée paraissait affaiblie et émue, et était sujette à des crises où éclatant en sanglots, elle perdit plusieurs fois connaissance. Elle avait violemment réagi à la suite de la déposition d'un témoin à charge, une dame qui partageait sa cellule. L'accusée l'avait démentie, affirmant que le témoignage d'une condamnée pour prostitution clandestine ne peut être crédible. Son mari, le médecin comparut à la barre en tant que témoin, déclarant que sa femme cherchait à lui coller des étiquettes et lui attribuer des faits dont il est totalement étranger, dans le but d'échapper à toute responsabilité dans ce crime. Quant à l'infirmier qui était accusé de complicité, il affirma qu'il n'avait pas visité les lieux du crime le jour des faits et qu'il ignorait totalement la relation de l'accusée avec la victime. Toutefois, un élément dans cette affaire subsiste en tant que mystère : des empreintes relevées sur certains meubles de la maison ne correspondaient pas à celles de l'accusée, ni à aucun parmi ceux qui fréquentaient les lieux, y compris la victime. Un élément de taille et jusqu'à présent non élucidé. Les avocats de la partie civile avaient cependant insisté sur le fait que l'accusée s'était procuré des sacs en plastique et un gros baril quelques jours avant les faits. Avait-elle l'intention d'y mettre les parties du corps de la victime, qu'elle aurait eu l'intention de dépécer ? En tout état de cause, cela constitue d'après ces avocats une très lourde présomption de nature à établir la mauvaise foi de l'accusée. Cette affaire qui était jugée devant la cour d'Appel, sur recours de l'accusée et son complice l'infirmier, ainsi que le parquet a vu dernièrement son dénouement par la condamnation de l'accusée principale à la perpétuité, tandis que son complice a été acquitté. Ce n'est que partie remise, car le parquet vient de se pourvoir en cassation.